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3 novembre 2014

Burundi:Réétudier l'histoire des origines de la monarchie sacrée.

Université du Burundi
Réétudier l'histoire du Burundi des origines de la monarchie sacrée en combinant plusieurs sources et en procédant à une approche multidisciplinaire, une préoccupation des conférenciers à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines.

Le Roi Mwambutsa
A l'occasion des colloques organisées dans le cadre du Cinquantenaire de l'Universitédu Burundi, Dr Jean Bosco MANIRAMBONA, dans sa présentation, a montré de nouvelles pistes sur les origines de la monarchie sacrée au Burundi dans l'extrait qu'il a tirée de sa thèse de doctorat en Histoire, Art et Archéologie intitulée « Nature du discours sur la fondation de la monarchie sacrée du Burundi et son organisation politique ».

L'objectif était d'abord de faire la part du mythe et de l'histoire dans le discours sur la fondation de la monarchie sacrée, connaître la nature et l'organisation du système politique monarchique, comprendre la nature des identités sociales bahutu, batutsi et batwa et familiales et enfin contribuer à la politique nationale de réconciliation burundo-burundaise.

Quelques hypothèses sur les origines du Burundi ont été mises en relief :
Hypothèse concernant la coopération : des groupes familiaux qui sont confrontés à des difficultés se seraient mis ensemble pour résoudre leurs problèmes et enfin ont mis en place une autorité qui se serait imposée et qui aurait imposé leur ordre ou leur compromis aux autres groupes pour enfin créer la monarchie burundaise. D'où, l'administration du Burundi aurait été la fusion de certains groupes familiaux qui pourrait être des bajiji, des bashubi et des bahanza.

Hypothèse concernant la domination :
Au fur et à mesure que les groupes sociaux s'élargissent et veulent agrandir leurs terres, ils auraient mené des guerres et certains lignagers ou claniques auraient dominé les autres et se seraient imposés pour créer des Etats et un Etat fort militairement et économiquement aurait soumis d'autres, d'où la naissance d'une monarchie sacrée du Burundi.

Ntare RUSHATSI ne serait pas le fondateur de la monarchie sacrée du Burundi mais un roi qui aurait imposé son discours sur les origines de la royauté burundaise : jusqu'à maintenant, aucune preuve matérielle ne montre son existence ou son passage. Mais, on ne fait qu'en parler. On a vu que dans certains mythes de Rome ou Grèce où certains rois effaçaient carrément certains discours sur les rois antérieurs. D'où, il est aussi possible que la monarchie burundaise n'aurait pas commencée avec le roi Ntare RUSHATSI.

Le conférencier est aussi revenu sur les identités (ethniques) bahutu, batutsi et batwa. Au moment où certains parlent des batutsi comme des Hamites et bahutu comme des bantu, il a fait savoir que tous les bantu ne sont pas des bahutu, mais tous les bahutu sont des bantu, et tous les batutsi sont des bantous mais tous les bantu ne sont pas des batutsi. Selon lui, le concept « bantu » n'est pas ethnique mais plutôt linguistique pour désigner le groupe des gens qui, pour désigner l'être, utilise le préfixe «- ntu ». Force est de constater que ces catégories (ethniques) ne sont pas des ethnies mais des catégories socioéconomiques :

Avant 1933 : n'étaient pas biologiques mais temporaires et flexibles : dans une même famille, les enfants issus du même père et de la même mère, les uns pouvaient être des hutu et les autres des tutsi. Les batwa étaient des populations qui n'avaient pas encore atteint le niveau sédentaire, le niveau d'humanité. Du moment qu'on est déjà devenu muhutu ou mututsi, on ne reviendra plus mutwa, mais un mututsi pouvait devenir muhutu ou vice-versa, du point de vue socioéconomique. Il conviendrait d'ajouter ici l'appartenance aux mêmes groupes familiaux.

Après 1933 : identités ethniques, biologiques et non flexibles : si on est muhutu, on est au monde des bahutu, si on est mututsi, on est au monde des batutsi, alors qu'avant ce n'était pas le cas. Ces identités ne varient plus selon le niveau socioéconomique.

Aujourd'hui : communautés d'intérêt politique.

Concluant sa présentation, le Dr Jean Bosco MANIRAMBONA a martelé ceci :

 Le discours sur la fondation de la monarchie sacrée du Burundi est fondamentalement un ensemble de mythes et de traditions orales qui nous aident à comprendre l'univers mental et la représentation du monde des barundi, et non pas pour trouver la chronologie et des institutions politiques.
 le discours contribuait au renforcement du pouvoir monarchique et permettait de cimenter l'unité nationale. Le fait que le roi est présenté comme le père de la nation, suppose que tous les barundi sont des frères, ce qui pouvait cimenter l'unité nationale.
 Interconnexion et interpénétration du religieux et du politique : le religieux crée et précède le politique, le politique a l'assise religieuse.
 Ce discours englobe les fondements socioculturels de la monarchie sacrée qui sont aussi des traditions familiales et sociales.
Contribution à la réconciliation nationale à travers le contexte historique des identités sociales et familiales, du moment que il peut contribuer à montrer qui on était hier avant la réorganisation sociale, politique et judiciaire faite par le colonisateur. Le sens que nous donnons aujourd'hui à nos identités (bahutu, batutsi et batwa) n'était pas celui qu'ils avaient avant 1930.

Comme recommandations, Il a reformulé ce qui suit :

 Réétudier l'histoire du Burundi des origines de la monarchie sacrée en combinant plusieurs sources et en procédant à une approche multidisciplinaire.
 Savoir et faire savoir d'où on vient, où on est pour savoir où on va et envisager un avenir meilleur. Quant on saura ce qu'on était avant 1908 et avant 1930, on pourra comprendre la cause de nos conflits sociopolitiques interminables.

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