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6 avril 2012

Burundi-Rwanda:spécial 18è anniversaire de la mort de Juvénal Habyalimana et Cyprien Ntaryamira"

Net Press
L'avion présidentiel rwandais 
Le 6 avril 2012, 18 ans jour pour jour se seront écoulés après l’attentat dans le ciel de Kigali contre le Falcon présidentiel rwandais à bord duquel se trouvaient Juvénal Habyalimana et Cyprien Ntaryamira qui, tous les deux, périrent en compagnie de quelques-uns de leurs collaborateurs. A la veille de ce triste anniversaire, la rédaction de Net Press sort un numéro spécial de 12 articles pour rappeler particulièrement ce que furent les deux hommes politiques dans les relations difficiles et tumultueuses entre le Burundi et le Rwanda.

Comment Ntaryamira à l’instar de Ndadaye,préféra pour son malheur,l’avion de Habyalimana?
   Portrait du Général Habyarimana
Au mois d’août 1993, Melchior Ndadaye, à peine installé au pouvoir, apprit en même temps que ses concitoyens, le décès du roi Baudouin de Belgique, intervenu suite à une crise cardiaque qui le surprit en Espagne où il passait ses vacances, en compagnie de la reine Fabiola, son épouse. Les présidents burundais et rwandais se rendirent aussitôt à Bruxelles pour assister aux funérailles, et Juvénal Habyalimana, qui exultait encore d’un bonheur indescriptible après l’accession à la magistrature suprême d’un président hutu, l’invita avec lui à bord de son avion, alors que le Falcon 50 burundais était en parfait état de voler. C’était pour qu’ils échangent entre eux comme entre copains et bien malin qui pourrait savoir ce que les deux chefs d’Etat ethniquement jumeaux se sont dit sur le parcours des 8000 km séparant Kigali et Bruxelles.

Le 6 avril 1994, près de 5 mois après l’assassinat de Melchior Ndadaye, son successeur partit à Dar-es-Salam participer à un sommet des chefs d’Etat de la sous-région sur le Burundi qui venait d’entrer dans une guerre civile extrêmement meurtrière. De retour de la capitale tanzanienne, Habyalimana invita encore une fois son homologue burundais à rentrer avec lui, non pas à Bujumbura, mais à Kigali pour une escale de quelques heures, alors qu’une fois de plus, l’appareil burundais se portait techniquement comme un charme.

La suite est connue de tous, tout comme cette question qui n’a jamais trouvé de réponse de ce côté-ci de la Kanyaru : « Mais que diable notre président était-il allé faire dans ce funeste Falcon 50 rwandais ? La réponse que l’on connaît est celle d’un de ses malheureux collaborateurs qui se trouvait avec lui, Cyriaque Simbizi (On reviendra sur son destin), qui préféra faire la même escale tragique de Kigali. L’ancien ministre de la communication voulait éviter de répondre à une question très embarrassante, au cas où il était rentré directement sur Bujumbura avec le Falcon 50 burundais. C’était à propos de la décision que venait de prendre le sommet de Dar-es-Salam sur l’envoi (« l’invasion », commentèrent la majorité des Tutsi) des troupes estimées entre 15.000 et 20.000 hommes, dominées par les militaires tanzaniens.

Rien que des souvenirs anecdotiques sur l’ancien président.

Même le meilleur biographe de la planète serait incapable de trouver de quoi remplir un ouvrage qui serait destiné à raconter l’œuvre d’un homme qui ne resta au pouvoir que pendant deux mois. Certes, il y eut le discours d’investiture du5 février 1994 où M. Ntaryamira insista sur la réinstauration de la discipline mise sérieusement à mal par « les sans échec » depuis l’assassinat de Melchior Ndadaye. Mais l’éphémère chef d’Etat n’eut pas le temps de vérifier l’effet de ses propos, qui, incontestablement, auraient été sans effet, comme la suite le démontrera de la manière la plus dramatique.

En dehors de ces vœux pieux, les journalistes n’ont retenu que des faits anecdotiques, qui démontrèrent à quel point l’ancien président était un homme profondément humain et sincère.

Un jour qu’il descendait la chaussée Prince Louis Rwagasore à bord du cortège présidentiel, il aperçut un ancien directeur général de l’Ocibu, du nom de Kazungu, semble-t-il avec lequel il avait travaillé. Pris de pitié pour lui parce qu’il marchait à pieds, il ordonna à son chauffeur de s’arrêter pour le prendre à bord. Et puis, peu après son investiture, l’hebdomadaire satirique « Panafrica », parvint à obtenir un entretien exclusif avec lui.

Comme nos confrères lui demandaient comment il passait ses moments de loisirs, il répondit qu’il faisait régulièrement du sport et qu’il prenait chaque soir trois bouteilles de bière avant d’aller au lit. Cette franchise inattendue inspira à « Panafrica » une caricature qui fait encore jaser 18 ans après son voyage sans retour de Dar-Es-Salaam.

L’hebdomadaire publia un dessin qui le montrait assis « dans tous ses états » sur du gazon, les jambes légèrement écartées, entouré d’une centaine de bouteilles vides correspondant à sa consommation mensuelle avec cette légende en bas de la caricature : « Kirinyota mugenzi », un slogan publicitaire de la Brarudi se trouvant sur les grands axes et invitant les gens à consommer le plus de bières possibles.

Devinez qui, entre Ntaryamira et Habyalimana, fut le plus regretté.

Dès l’annonce de l’explosion en plein vol du Falcon présidentiel rwandais et la mort des deux anciens chefs d’Etat, la consternation fut totale de part et d’autre de la Kanyaru, mais les regrets les plus amers se portèrent, non pas sur notre président, mais sur celui du Rwanda.
Non pas que Cyprien Ntaryamira manquait de charisme, mais parce qu’il n’avait pas eu le temps matériel nécessaire pour imprimer sa marque, en tant que président hutu entièrement voué à la défense de la cause de la majorité ethnique de notre pays après l’assassinat du premier président hutu démocratiquement élu.
C’était à l’époque où les électeurs qui avaient voté massivement en faveur de M. Ndadaye se trouvaient totalement désemparés et sans repaires, » en quelque sorte d’un « cher leader respecté et bien aimé » qu’était à leurs yeux, Juvénal Habyalimana beaucoup plus que Cyprien Ntaryamira. L’ancien chef de l’Etat Rwandais le démontra de belle manière sur le plan diplomatique, lorsque son protocole procéda à une grande première dans les relations entre Etats.
Aussitôt après son investiture le dimanche 10 juillet 1993, Melchior Ndadaye fit une chasse aux sorcières dans toutes les missions diplomatiques en remplaçant les Tutsi par les Hutu, ce qui au passage, lui fut reproché très vivement par le regretté Juvénal Madirisha dans l’hebdomadaire « Le carrefour des Idées » dont il était le patron. A Kigali, le nouvel ambassadeur qui représentait le Burundi fut feu Séverin Mfatiye. Dans sa jubilation extrême d’avoir pour la première fois depuis 1973, obtenu les lettres d’accréditation d’un diplomate burundais « très » hutu, le président-fondateur du Mrnd reçut le nouvel ambassadeur le lendemain matin, alors qu’habituellement, de longues semaines et même de longs mois s’écoulent avant que les nouveaux chefs des missions diplomatiques ne franchissent le portail de la présidence de la République.

Le destin tragique de Cyriaque Simbizi ou celui d’un des pionniers de la presse écrite burundaise privée.

Nous écrivions tout à l’heure que le sort de Cyriaque Simbizi aurait été différent, s’il n’avait pas eu la mauvaise inspiration de monter à bord du même avion que son patron pour les raisons qu’on a évoquées plus haut. Avant d’être appelé par Melchior Ndadaye pour faire partie de la première équipe ministérielle et de toutes celles qui se succéderont jusqu’au 6 avril 1994, M Simbizi était un journaliste très connu et très respecté et c’est lui qui porta sur les fonts baptismaux, le bimensuel « Le Citoyen », dont le premier numéro sortit le 1er décembre 1992.

Il eut l’idée de lancer le journal en compagnie de quatre autre confrères qu’il aimait et appréciait, dont l’actuel ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Son intention était de créer un médium qui se situerait à mi-chemin entre les positions extrêmes de la majorité ethnique, défendues à outrance par L’Aube de la démocratie » et celles de la minorité ethnique, qui se retrouvaient avec le même excès dans les colonnes de « l’Indépendant », animé par Charles Mukasi et du « Carrefour des Idées ».

Le premier numéro et tous ceux qui suivirent jusqu’aux élections de 1993 connurent un immense succès, à tel point que le bimensuel atteignit un tirage record de 5000 exemplaires au plus fort de la campagne électorale.

La preuve que « Le Citoyen » manifestait son indépendance vis-à-vis du pouvoir de l’époque alors que toute l’équipe de rédaction comprenait exclusivement des Tutsi, c’est le scoop que M. Simbizi publia à la « une » quelques deux ou trois semaines avant le scrutin du 1er juin 1993, qu’il présenta comme un « sondage » issu d’une tournée de 2 semaines qu’il venait d’effectuer dans presque toutes les provinces avec ses étudiants d’université dont il était professeur d’histoire.

Ce « Sondage » indiquait que Pierre Buyoya remporterait la présidentielle, avec « seulement » 53 % des voix, ce qui provoqua une flopée d’injures qui assaillirent le standard du bimensuel de la part des ténors de l’Uprona. Ces derniers se dirent littéralement scandalisés et choqués qu’un médium dont la mission « naturelle » était de défendre la cause d’un candidat Tutsi ose écrire qu’il gagnerait avec un score aussi bas, alors qu’il aurait fallu qu’il annonce une victoire d’ « au moins » 85 % des suffrages. No Comment.


Pendant ce temps, Sylvestre Ntibantunganya veillait...


Bien avant l’investiture de Melchior Ndadaye 39 jours après sa brillante élection, l’homme fort du pays était Sylvestre Ntibantunganya. Il est vrai qu’un homme comme Léonard Nyangoma que l’on présentait comme le successeur plus probable de Ndadaye, au terme de ses deux mandats, en raison de ses ambitions qu’il ne cachait pas, avait lui aussi du poids dans le dispositif hiérarchique de Sahwanya Frodebu. Mais en raison de sa proximité et de son amitié avec l’ancien président, l’éphémère ministre des affaires étrangères et non moins éphémère président de l’assemblée nationale, était l’homme qui savait tout même après le meurtre de Melchior Ndadaye.

Auparavant déjà, c’est lui qui avait annoncé, entre le 1er juin et le 10 juillet 1993, que le futur chef du gouvernement ne serait ni un homme ni un membre du parti victorieux aux élections, ce qui fut le cas avec la désignation de Mme Sylvie Kinigi. Plus tard, lors de la liquidation systématique des familles entières des Tutsi par milliers, donc il était au courant du fond de sa cachette à l’ambassade de France, le même Ntibantunganya dira : « Assurez-moi la sécurité et je vous assurerai le retour de la sécurité dans tous le pays ». Il en était effectivement capable, car il aurait suffi qu’à l’annonce de la mort de Ndadaye, il demande aux militants de son parti de ne pas venger le premier président hutu, pour qu’il en soit ainsi.

En tant que président de l’assemblée nationale en succession à Pontien Karibwami, M. Ntibantunganya était conscient qu’il occupait un poste stratégique, car il devenait ipso facto le successeur constitutionnel de celui qui serait désigné à prendre la relève du président défunt. Et c’est ce qui se produisit il y a tout juste 18 ans, une preuve qu’il pressentait que le destin allait le conduire à exercer la magistrature suprême, même s’il écrira plus tard dans un ouvrage publié alors qu’il était en exil à l’ambassade des Etats-Unis en guise d’autobiographie, que de 1994 à 1996, il était un président fictif. Une affirmation colorée plus tard par Herménégilde Niyonzima dans un livre qui fut sensation. L’ancien conjoint d’Alice Nzomukunda écrivit en effet que durant les deux années qu’il exerça le pouvoir, la seule chose que Ntibantunganya refusa à l’armée « mono-ethnique tutsi » fut lorsqu’elle réclama sa tête.

La dernière demeure de Habyalimana n’est pas celle que l’on croit.


Le destin tragique de Juvénal Habyalimana voudra que son corps carbonisé et méconnaissable atterrira au milieu des débris du Falcon en flammes dans sa résidence située aux abords de l’aéroport international de Kanombe (Kigali). Il sera soigneusement conservé dans une chambre hyperfroide, en attendant une victoire totale de son armée qui allait écraser les « cancrelats » sans pitié et réserver au président-fondateur du Mrnd des funérailles nationales dignes de son nom.

Tels étaient du moins les calculs de son entourage politico-militaire au début du génocide, qui était loin de s’imaginer le scénario « cataclysmique » du 4 juillet 1994 avec la marche triomphale du général Paul Kagame et de ses hommes sur Kigali et Butare en début d’après-midi. Depuis lors, la saga du corps de Habyalimana suivra l’itinéraire de celle des forces génocidaires en débandade, avec l’espoir dans un premier temps de le ramener dans son pays pour être enterré dans la terre de ses ancêtres, après avoir chassé « les cancrelats » de leur pays « sous occupation ». Comme leurs illusions s’estompaient au fur et à mesure que le Fpr consolidait son pouvoir au Rwanda, Mobutu offrit aux proches de l’ancien président qu’il soit inhumé à Gbadolité, son village natal. Depuis lors, sans que l’on sache ni quand ni pourquoi ni par qui la décision aurait été prise, le corps de Habyalimana aurait été déterré pour être incinéré avant que ses cendres ne soient dispersées quelque part au dessus de l’Océan Indien.

Le 3 septembre 1987 : un ouf de soulagement pour Juvénal Habyalimana.


Lorsque Jean-Baptiste Bagaza, absent de son pays, est destitué par Pierre Buyoya le 3 septembre 1987, le chef de l’Etat rwandais, Juvénal Habyalimana aurait poussé un véritable ouf de soulagement. C’est qu’entre Bujumbura et Kigali, les relations étaient exécrables beaucoup plus que du temps de Michel Micombero et de Grégoire Kayibanda. L’arrivée de Habyalimana au pouvoir par un putsch en juillet 1973 coïncida avec les dernières années du tombeur de la monarchie, affaibli physiquement et surtout politiquement par un entourage qui le poussait aux excès afin de décider tout (ou presque) à sa place.

Totalement différent de son prédécesseur par son attachement au travail et sa détermination à défendre les intérêts de son pays, le fondateur de la deuxième République fit clairement comprendre à Habyalimana que les incidents à l’aéroport de Kigali de mai 1979 (i.e. distribution des tracts virulents contre sa personne et son régime par les réfugiés hutu burundais avec le soutien des agents des services secrets rwandais) étaient tout, sauf tolérables. Au cours d’un sommet tripartite tenu à Ngozi quelques semaines plus tard sous l’égide d’un Mobutu venu tenter de calmer la colère de Bagaza, celui-ci aurait menacé son homologue rwandais en le fixant les yeux dans les yeux, d’armer les réfugiés tutsi de son pays pour qu’ils rentrent les armes à la main avec le soutien des forces gouvernementales burundaises.

Habyalimana aurait alors pris ces menaces au sérieux, qu’elles n’étaient pas si imaginaires que cela, jusqu’à ce que le major Buyoya instaure une IIIème République, plus tolérante à l’égard de son voisin du Nord. Les admirateurs de Bagaza et les détracteurs du major expliquent que c’est cette politique « gentille » qui poussa les éléments du Palipehutu à envahir le Nord du pays, faisant des milliers de morts à Ntega et à Marangara à partir du 15 août 1988. Vrai ou faux, le fait est que les changements de régime à Kigali et à Bujumbura ont toujours eu un impact réel sur les relations entre les deux capitales et ce ne sont pas les bonnes relations actuelles entre les deux hommes forts des deux pays qui nous démentiront.

Paul Kagame et Pierre Nkurunziza, deux présidents qui s’aiment bien.

Entre les deux chefs d’Etat Rwandais et Burundais, le courant passe si bien que lorsque Pierre Nkurunziza se trouve en visite chez Paul Kagame, celui-ci « s’arrange » pour trouver à notre président le temps de s’adonner à un de ses loisirs préférés : jouer au football. Une anecdote qui a circulé un moment aussi bien à Kigali qu’à Bujumbura, voudrait que le chef d’Etat rwandais aurait été entendu en train d’éclater de rires seul dans son bureau chez lui, à la grande surprise de Jeannette son épouse, ce qui lui arrive très rarement pour ne pas dire jamais.

Très inquiète et troublée de cette réaction inhabituelle de son mari, elle aurait alors décidé de s’informer ici et là pour apprendre finalement que le président n’a pu se retenir ce soir-là, en souvenir des acrobaties élégantes réussies de son homologue burundais, au moment où il jouait à un match de football au cours d’une visite qu’il venait d’effectuer au Rwanda.

Beaucoup plus sérieusement, depuis la victoire électorale du Cndd-Fdd en 2005, celui-ci a commencé à nouer d’excellentes relations avec le front patriotiques rwandais (Fpr). Et puis bien avant les dernières élections, un journaliste burundais en visite privée dans la capitale rwandaise, fut informé qu’entre le Cndd-Fdd et l’ex-Palipehutu-Fnl qui avait le vent en poupe au sein de l’opinion, le choix de Kigali était sans équivoque en faveur du président sortant.

Politique de l’équilibre et quotas : la tentation burundaise.


Les historiens retiendront, de la vie et de l’œuvre de Juvénal Habyalimana, sa politique dite « d’équilibre et des quotas », une définition pudique et euphémique traduisant la volonté de l’ancien président d’instaurer une discrimination systématique à l’encontre de la minorité ethnique de l’intérieur du Rwanda.

Cette politique fut institutionnalisée dès le coup d’état de 1973 après que le pouvoir se fut rendu compte que dans les écoles, le nombre des élèves tutsi qui réussissaient et qui donc avaient accès à l’emploi allait bien au-delà des statistiques coloniales qui les confirmaient à 15% de la population.

Aussi, Habylimana décida t-il que les élèves tutsi qui étaient autorisés à avancer de classe ne devaient guère dépasser ce pourcentage, quels que soient les résultats obtenus. Il en était de même pour l’accès à l’emploi, avec cette autre discrimination que les Tutsi ne pouvaient pas espérer occuper des postes juteux réservés exclusivement aux Hutu. Il en était de même pour les bourses à l’étranger, dont les élèves et les étudiants Tutsi étaient exclus.

Cette politique à la Habyalimana qui n’est pas encore systématique dans notre pays – Dieu merci – qui tente certains milieux du Cndd-Fdd qui la pratiquent de façon subtile, lorsque certaines occasions se présentent. On s’en est rendu compte lors du recrutement des inspecteurs généraux, et surtout lors de la fusion des anciens départements des impôts et de la douane qui a donné naissance à l’Obr. Dans les deux cas, des tests de recrutement furent organisés au départ avec les apparences d’une certaine transparence, mais lors du choix final, les critères d’objectivité cédèrent le pas aux critères de militantisme au sein du parti au pouvoir.

L’indemnisation des victimes de l’attentat du 6 avril 1994 toujours en question.


Depuis 18 ans, beaucoup de choses ont été dites sur les indemnisations qui seraient sorties des caisses des sociétés d’assurances qui couvraient les risques du Falcon présidentiel rwandais. Le débat fut relancé il y a quelques années – du moins ici au Burundi par Sylvana Ntaryamira, l’épouse de l’ancien président dans une interview qu’elle a accordée à nos confrères de « l’Aube de la démocratie », l’organe d’information du Frodebu.

Dans cette interview, elle affirmait ne jamais avoir un seul rond des indemnisations dont elle attendait depuis la mort de son mari le 6 avril 1994. En fait, ce sont les circonstances politiques dans lesquelles la mort des deux présidents est intervenue qui a compliqué les choses. Si la famille Habyalimana ne peut rien espérer pour des raisons évidentes, celle de Ntaryamira aurait pu espérer obtenir une part des indemnisations, au cas où elles auraient été décaissées. La direction du Frodebu a déjà plaidé la cause de l’épouse de l’ancien président, en demandant aux autorités burundaises de s’enquérir auprès des dirigeants rwandais pour connaître la suite des doléances de la famille du disparu.

Rwanda-Burundi : les génocides réels ou supposés.

L’histoire et la configuration ethnique du Rwanda et du Burundi sont tellement à rapprocher que l’historien français Jean-Pierre Chrétien a parlé un jour des deux anciennes colonies belges comme de deux « faux jumeaux ».

Si le génocide des Tutsi rwandais et des Hutu modérés en 1994, bien que contesté par certains à l’intérieur du pays, est une réalité aux yeux de la communauté internationale (sa reconnaissance par les Nations-Unies étant un préalable même si les Etats-Unis de Bill Clinton traînèrent les pieds avant de le reconnaître), les deux pays ont traversé d’autres moments dramatiques après leur accession à l’indépendance, dont les victimes réclament régulièrement qu’elles soient reconnues comme ayant été marquées par des actes de génocide.

Le cas du Rwanda est le plus connu, car Victoire Ingabire et ceux qui pensent comme elle connaissent actuellement la prison entre autres pour « négationnisme du génocide des Tutsi ». Ils voudraient que les Nations Unis reconnaissent également le génocide des Hutu parallèle à celui qui a coûté la vie de 800.000 à 1.000.000 de Tutsi et de Hutu modérés, mais leur objectif est de loin d’être atteint dans leur recherche de l’équilibre génocidaire.

De moins en moins réclamés par la majorité ethnique burundaise comme « génocide » des Hutu en 1972, les massacres qui, il y a 40 ans, firent des victimes dans ses rangs, estimées par le Fnuap entre 80.000 et 120.000. C’est qu’entre temps, un nombre plus important de Tutsi (plus ou moins 300.000) tombèrent sous les coups des machettes des insurgés hutu qui se levèrent comme un seul homme pour venger la mort de « leur » président Melchior Ndadaye.

Des Ong burundaises en tête desquelles, Ac Génocide Cirimoso, bataillent fort pour que ces massacres soient inscrits dans la rubrique des génocides reconnus par les Nations Unis, mais sans y parvenir jusqu’à présent. Certains esprits au sein de la communauté internationale affirment à voix basse et de façon cynique que pour avoir fermé les yeux sur ce qui s’est passé en 1972, les Nations Unis devraient également garder le silence sur ce qui se passa 21 ans plus tard.

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