Depuis quelques jours, la population des communes Kabarore et Bukinanyana voit circuler des hommes armés dans la Kibira. L’administration locale pense aux petits groupes de voleurs. L’armée mène toujours des investigations.
Le reporter d’Iwacu est entré dans la Kibira.
Marie Yandereye et Elie Ntakirutimana:« Nous avons vu des hommes armés qui parlent le Kinyarwanda»
« La situation sécuritaire est inquiétante dans cette localité», témoignent des cultivateurs de pommes de terre près de la forêt de la Kibira, à « Kumahoro », un endroit de la Kibira où sont cultivées des pommes de terre. A plus de 15 kilomètres de la route Bujumbura-Cibitoke, une maisonnette en paille où sont vendues quelques cigarettes et boîtes d’allumettes.
A droite, une position militaire installée tout près d’une petite route qui s’enfonce dans la Kibira. Le silence de cimetière qui y règne est de temps en temps rompu par des oiseaux aussi bien divers par leurs chants que par leurs couleurs. Peu de personnes circulent. Il fait très froid. Le ciel est nuageux comme s’il allait pleuvoir. La dense végétation empêche de voir même au-delà de 5 mètres.
Subitement, après un trajet de presque 10 kilomètres, des personnes chargent les pommes de terre dans un camion de type « FUSO ». D’autres continuent la récolte. A quelques mètres, des gens se baignent dans des eaux thermales de Ku mahoro: « Elles ont des vertus thérapeutiques », précise une vielle dame. Une thérapie qui se passe dans une sécurité relative. La preuve, une personne tuée dans la nuit du 31 août a été retrouvée dans les environs. Les soupçons portent sur des hommes armés qui traversent cette forêt par petits groupes et passent souvent près de cette localité.
Des habitants témoignentMarie Yandereye, colline Kibati, commune Kabarore :« La Kibira abrite des hommes armés » Cette dame est formelle : «Le 19 août vers 19 heures, j’ai vu trois hommes armés venus de la Kibira, munis de lampes torches. Ils m’ont demandé où serait l’homme qui venait de perturber leur repos. » Selon Madame Yandereye, ces hommes s’exprimaient en Kinyarwanda (langue rwandaise) : « Je ne peux pas me tromper car nous habitons près de la frontière. Nous pouvons facilement détecter les nuances entre le Kinyarwanda et le Kirundi. »
En fuyant, indique Marie Yandereye, ces hommes ont arrêté dans la même nuit une certaine Concilie, fille de Mirwaniro de la colline Ruharare, commune Muruta : «Je me suis cachée derrière un buisson au moment où ils l’interrogeaient. » Marie Yandereye raconte que ces hommes abattaient des arbres, égorgeaient des chèvres sur leur passage.Elie Ntakirutimana, colline Sehe, commune Bukinanyana: « Ils se déplacent dans de petits groupes»Il confirme la situation : « Le 31 août vers 18 heures, j’ai vu trois hommes qui me demandaient, en Kinyarwanda, s’il y aurait une position militaire dans les environs." Cet homme a été surpris par le fait qu’ils ont abandonné le petit chemin qu’ils empruntaient pour s’engouffrer en pleine forêt. Il affirme avoir vu deux en tenues civiles avec une sacoche et un troisième en chemise militaire, portant un fusil. D’autres habitants des communes Kabarore et Bukinanyana: « Nous sommes pris de panique »Ils racontent que ces éléments sont aussi localisés dans la forêt de Mabayi.
Selon cette population, ces hommes armés traversent souvent la localité de Mubuga de la commune Bukinanyana : « Vendredi 28 août vers 16 heures, nous avons entendu des échanges de coups de feu dans la Kibira. » Ils font également état d’une panique qui s’installe au sein de la population des communes frontalières à la Kibira. En outre, cette population soupçonne des mouvements transfrontaliers de ces hommes armés : « Etant donné que la Kibira se prolonge jusqu’au Rwanda, à Shiri, des doutes subsistent quant à leur déplacement jusque dans la forêt de Nyungwe, au Rwanda.» Selon N.E, des positions militaires devraient être renforcées et multipliées aux abords de la Kibira.
Source: http://www.iwacu-burundi.org Dieudonné HAKIZIMANA
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