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4 mars 2015

Burundi : le rival du président Nkurunziza s’évade.

La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre à Bujumbura : El Hadj Hussein Rajabu, ancien chef du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, s’est évadé de prison dimanche soir "en compagnie de deux proches", selon la police.

Putschs

Nkurunziza (2e-gauche) et H. Rajabu (4e-droite)

Fils d’une Tanzanienne et d’un grand commerçant hutu burundais, Hussein Rajabu, 50 ans, a longtemps été le frère d’armes du président Pierre Nkurunziza, à l’époque où le CNDD-FDD était une guérilla hutue cherchant à prendre le pouvoir détenu par le Major Pierre Buyoya, un Tutsi. Il serait la cheville ouvrière de deux putschs internes à cette faction armée, dont il finit par prendre la direction avec Pierre Nkurunziza, professeur de gym. 

Technicien agronome, Rajabu connaît en effet bien le monde paysan et est, à cet égard, une pièce centrale du CNDD-FDD.

Le duo maintient sa collaboration lors du retour à la paix et leur guérilla, devenue parti politique, remporte haut la main les élections de 2005. "On ne sait pas encore qui de nous deux sera choisi par le parti pour être candidat à la Présidence de la République" (une élection indirecte par le parlement, où le CNDD-FDD avait une majorité écrasante), nous avait dit, à l’époque, Hussein Rajabu. "C’est moi qui serai désigné par le parti", nous disait, de son côté, Pierre Nkurunziza. 
Ainsi fut fait. Et Rajabu garda la direction du parti.

Influence dans le parti
De facto, cependant, c’est ce dernier qui dirige le pays, Nkurunziza ne s’occupant que de religion et de football. La toute-puissance de l’ami musulman du président fait bientôt des vagues : au sein du parti, comme dans la société civile et dans l’opposition, on dénonce ses abus de pouvoir; son manque de respect pour les institutions; son favoritisme en faveur des musulmans (1 à 4 % de la population) et son rapprochement avec des pays du Golfe; son implication dans des cas de corruption; la mise sur pied d’une milice à sa dévotion, la Ligue des jeunes du parti. En février 2007, il est évincé de la tête du CNDD-FDD. Suivront son arrestation et sa condamnation, en 2008, à 13 ans de prison.

De sa cellule, il a néanmoins gardé de l’influence sur le parti. C’est dire l’inquiétude du président Nkurunziza, dont le désir - contraire aux accords de paix - de se maintenir au pouvoir après deux mandats suscite un rejet considérable dans la population, voire dans le parti. Un cycle d’élections est prévu cette année, qui s’annonce chaotique et dont les préparatifs sont déjà accusés de fraude.

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