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Intervenant sur l'antenne de Radio France Internationale, l'actuel envoyé spécial de la Francophonie au Burundi sort de sa réserve diplomatique pour adouber la candidature de Pierre Buyoya à la tête de son organisation :
''c'est une personnalité qui a immensément contribué à la promotion de la dimension politique de la francophonie. Il a présidé le panel de haut niveau sur la prévention des crises. Il a été envoyé spécial pour le Tchad. C'est un homme très familier avec la dimension politique de la francophonie. Cela lui donne incontestablement à mes yeux un point d'avance'' dixit Mohamed El Hacen Ould Lebatt.
De Gaulle africain ?
Pierre Buyoya,ancien président représentant spécial de l'U.A. pour le Mali et le Sahel. |
Juriste et ex-ministre des affaires étrangères de la Mauritanie qui préside l'UA, ce diplomate africain récuse les préjugés sur le putschisme militaire : ''ce qui est important, c'est ce qu'il a fait et quelle a été son utilité. Buyoya est intervenu dans un contexte historique et il a empêché une très grave crise, un bain de sang, voire un génocide. Il a évité le pire et il a bien fait de faire ce qu'il a fait dans le temps. Et depuis quelle est la crise africaine dans laquelle il n'est pas intervenu ces derniers temps ? Il est intervenu avec d'autres présidents pour le Soudan. Il est intervenu en RCA avant l'actuelle crise. Il est intervenu au Mali où il est actuellement haut commissaire de l'Union africaine.
Les contributions de l'homme plaident en sa faveur. Et puis vous ne pouvez pas dire: ''parce qu'il est militaire''. Vous les Français, les Occidentaux, vous ne pouvez pas nous le dire. C'est comme si on disait que De Gaulle était un militaire et qu'il n'était pas digne de présider la France. Et Napoléon, c'est lui quand même qui a créé cet algèbre juridique à laquelle nous, professeurs de droit, nous sommes très sensibles, le code civil''. De son côté, l'actuel président burundais encense son prédécesseur et adversaire politique qu'il présente comme ''une haute personnalité qui a marqué profondément la vie politique de son pays en menant des politiques historiques : la politique d'unité nationale, la démocratisation de la vie politique qui a conduit aux élections présidentielles et législatives en 1993, les négociations de la paix qui ont rassemblé tous les partis politiques et qui ont abouti à l'accord d'Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi, la négociation d'un cessez-le-feu avec des groupes armés...Compte tenu du bilan largement positif à la tête du pays, diverses organisations internationales lui ont souvent confié des missions tels que l'observation des élections, la médiation, le dialogue politique, missions à travers lesquelles il a rendu d'éminents services au continent africain et à l'Organisation Internationale de la Francophonie".
'' Putschiste de consensus ''
Témoin neutre du premier putsch de Pierre Buyoya qui déboucha sur une transition démocratique (1987-93) au terme de laquelle le Major quitte la présidence en acceptant sa défaite électorale, Georges Poulain écrit : ''...Suite à ces tueries inter-ethniques des provinces de Ngozi et Kirundo, le président Buyoya se décida à lancer la réconciliation nationale. Il nomma un premier ministre hutu, Adrien Sibomana, et remania le gouvernement en y incorporant une moitié de ministres hutus. Le nouveau mot d'ordre allait être ''ubumwe'' c'est à dire l'unité. Ayant compris que seule une réelle entente entre les ethnies empêcherait ces tueries, il se battit corps et âme contre son armée, ses ministres, son parti politique...Le président Buyoya mit en marche la machine et ne ménagea ni son temps ni ses efforts pour en faire accepter le principe...'' (Chasse à l'homme au Burundi, journal d'un expatrié, L'Harmattan 1993, p27-28).
Dans un portrait de Buyoya à son retour au pouvoir pendant la guerre civile (1996-2003), Jean-Hatzfeld décrit un "putschiste consensuel'': ''peu de Burundais lucides se réjouissent de la mainmise de Pierre Buyoya sur leur Etat. Mais aucun ne souhaite son retrait. Ce paradoxe donne au président putschiste du Burundi un rôle particulier sur la scène des Grands Lacs, dans ces pays bouleversés par les massacres et les exodes dantesques" (Libération du 6/3/98).
Virulent opposant de l'époque, Charles M'Banza confirme: "nous étions soumis aux propagandes extrémistes des ethnies en conflit. Mais je n'ai jamais nié sa volonté de pacifier son pays ".
Interrogé sur les diatribes électroniques qui en combattent la candidature, le journaliste franco-burundais devenu anthropologue des médias pointe les mêmes rancunes ravivées par le scrutin francophone : ''il suffit juste de se souvenir que Pierre Buyoya fut l'initiateur des Accords d'Arusha qui mirent fin à la guerre civile et qu'il fut le seul à les avoir scrupuleusement respectés en quittant le pouvoir à la date convenue''.
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