Radio Nederland
Cette Burundaise a choisi depuis longtemps la vie de célibataire. Pour combler son envie de maternité, elle a décidé qu'elle passerait par l'adoption. Rencontre avec Béatrice Nyamoya, 58 ans, mère de deux enfants et libre de toute relation.
Béatrice Nyamoya |
C’est un peu surprenant, dans la société burundaise, de voir une femme qui reste célibataire de son propre gré. C'est pourtant le choix qu'a fait Béatrice Nyamoya, cinquième d'une famille de dix enfants. Son père n'était autre qu'Albin Nyamoya, Premier ministre à deux reprises et plusieurs fois ministre, puis député sous la deuxième République. Sa mère, Mélanie Sinduhije, appartenait à une famille royale. Béatrice dit avoir évolué dans un foyer où "on discutait des idées, chacun respectant le point de vue de l’autre."
L’amour de la liberté
"Quand je parlais, mon père me regardait développer mes thèses, raconte-t-elle. Je ne savais pas ce qu’il voyait en moi." Béatrice renchérit qu’en elle, l’amour de la liberté ne cessait de grandir dans sa façon de penser, d’agir et de vivre. "J’ai cette liberté que je sens et ressens au fond de moi-même", confie-t-elle.
Une liberté qu'elle gardera ensuite tout au long de sa carrière. Cette juriste de formation a d'abord été diplômée de l’université du Burundi, en 1983, avant d'obtenir un diplôme en administration publique au Canada, en 1989. Elle a travaillé à l’Assemblée nationale, au ministère des Relations extérieures, et est passée par l'ambassade du Burundi en Allemagne… Bref, comme elle le résume, "c’est tout un long parcours professionnel depuis 1984." Actuellement, Béatrice travaille à l’Inspection générale de l’État.
La vie de couple, ce n’est pas pour elle
Au sein de sa fratrie, elle est est la seule a avoir opté pour le célibat. Pourquoi ? Elle explique, mais semble ne pas vouloir tout dire : "Je n’ai pas voulu parce que... parce que... je ne voulais pas de cette vie-là. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais ça ne me convenait pas."
Pourtant, par trois fois, Béatrice a connu de sérieux prétendants au mariage. "Lorsque quelque chose crochait, ouf ! Je rompais les relations", lance-t-elle. Au fur et à mesure, elle se rend donc compte que la vie de couple n’est pas pour elle. "Je me suis découverte comme ça", dit-elle simplement.
"Faire un enfant, c’est compliqué"
Une découverte qui implique un autre choix : "Je me suis dit : il faut que j’aie deux enfants, et de deux manières : le premier, je vais le faire hors mariage, et le second, je vais l’adopter." Avec le temps, Béatrice change tout de même d’idée : "Faire un enfant, c’est compliqué. Mais l’adopter, c’est plus facile", remarque-t-elle. Pour réussir à adopter son premier enfant, elle use de sa foi et prie la Sainte Vierge Marie de lui "donner une enfant qui n’est pas un bébé, autour de cinq ans", qu'elle élèverait seule.
En 1994, l’une des pires périodes de crise que le Burundi a connues, elle est le témoin de massacres et de trafics d’enfants, et l’envie d'en sauver un se fait plus pressante. Elle rencontre, dans un site de déplacés à Ruyigi, à l'est du Burundi, Médiatrice Akimana, une petite fille de cinq ans qui venait de perdre ses parents. Après qu'un oncle accepte que Béatrice adopte sa nièce, elle l'inscrit à l’état civil et toutes les deux s'envolent pour l'Allemagne. Médiatrice, âgée aujourd'hui de 25 ans, vit actuellement au Canada.
Un second enfant, issu d'un amour libre
Béatrice a également un second enfant : Yvan-Florand, un jeune garçon de douze ans, né en 2002 d’un amour libre entre son frère, décédé depuis, et une jeune femme. "Les parents ne s’entendaient pas après la naissance de l'enfant, et je l’ai pris pour apaiser le mauvais climat, quand il avait deux ans, en 2004", raconte-t-elle. Yvan l’a vite appelée maman, même si Béatrice ne l’a pas adopté officiellement. "L’adopter ou pas, rien ne change. C’est mon neveu, et j’ai le devoir de l’élever et préparer son avenir", assure-t-elle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire