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29 août 2014

Burundi:Passage du Flambeau de la paix à Gitega ;plutôt une exhibition guerrière


Iwacu
Chants de guerre, glorification du président Nkurunziza, beaucoup de militaires et policiers en uniforme, des hommes en civil arborant des feuilles de bananiers sèches et des bottes militaires, distribution des tôles pour les écoles fondamentales, voilà ce qui a caractérisé le passage, ce 27 août, du Flambeau de la paix en province Gitega.

10h, ce mercredi, une longue file de véhicules en provenance de la province Karuzi arrive à Masanganzira, zone Gitega rurale. Ils viennent de récupérer le Flambeau de la paix sur la rivière Ruvubu, frontière de la province Gitega et la province Karuzi. Ils débarquent de leurs véhicules. Un groupe d’une dizaine de personnes en civil se démarquent. Des feuilles de bananiers sèches et celles de manioc couvrent leurs corps. Ils portent des bottes militaires. Certains possèdent aussi des talkies-walkies. Apparemment, ils sont chargés de transporter le Flambeau à travers le pays. Ils commencent à entonner des chants. Les badauds se demandent entre eux : «Qu’est-ce qui se passe?». Ils ne comprennent pas.
Le Flambeau de la paix est allumé. Le cortège se rassemble. Le gouverneur et l’administrateur de la commune Gitega devant, ils se dirigent vers le centre-ville.

Pierre Nkurunziza,
Président du Burundi
Au rythme des chansons à la gloire du président Pierre Nkurunziza, ils y vont en petites foulées. « Uragahora urayarwa Peter Nkurunziza uhore ku ngoma urimfura y’Uburundi uhore uri perezida. » 
(Fais parler de toi éternellement, longue vie à ton pouvoir Pierre Nkurunziza le fils ainé du Burundi, puisse rester président de la République toute ta vie).
Ou « Peter Nkurunziza uri inkinzo y’Uburundi, n’abakurwanya baguma bomoka » 
(Tu es le bouclier du Burundi, même tes ennemis ne cessent de s’exiler ) …

Avant l’entrée de la ville, une centaine de motards sont en stand-by. D’après leurs dires, on leur a promis 10.000 Fbu chacun. Les jeunes du Club sportif Inkona font le gros du cortège. La procession fait le tour du marché, passe dans le quartier Nyamugari et se dirige vers le quartier Karera II.Les badauds s’agglutinent sur les bords des routes, mais ne suivent pas le flambeau. 

«Pourquoi ces hommes portent-ils des camouflages? » «Sont-ils des militaires?»
Les questions fusent de partout parmi les spectateurs. Ces quidams semblent plutôt charger de la sécurité, car ils n’hésitent pas à chahuter ceux qui se mettent en travers de leur chemin.

Des chants qui rappellent la guerre
   Pierre Nkurunziza en compagnie des son ancien bras droit 
    Hussein Radjabu aujourd’hui en prison sous ses ordres.
Les chansons qui ont agrémenté ce passage du Flambeau de la paix à Gitega ont fait resurgir les émotions les plus diverses et les plus fortes. Ce qui a inquiété plus d’un. Des chansons qui rappellent les années de guerre. 
«Urumuri rw’amahoro rwagarukiye Uburundi bugeze kure kuva mu 1994, 2005 rurabwuhira ubu ruratsimbataye. »
 (Le Flambeau de la paix a sauvé le Burundi en détresse depuis 1994. Il a continué en 2005 jusqu’à s’imposer aujourd’hui.)

Ils enchaînent : « Iyo mbonye umu kaporari, sereja, koroneri, jenerari canke umukuru w’igihugu muri tenue de combat ntabwoba nkigira, ntabwoba ngira.» (Quand je rencontre un caporal, un sergent, un colonel, un général ou le président de la République en tenue de combat, je n’ai plus peur).

« Pourquoi ils chantent de cette façon alors qu’on parle de paix. Apparemment, le Burundi n’est pas encore sorti de la guerre », relève un homme sur place. Les autorités ouvrent les travaux de toiture de l’École technique secondaire (ETS) à Karera. Après le quartier Karera II, le cortège s’est rendu au Lycée Sainte Bernadette à Nyabututsi et à l’Ecole Mushasha I. Toutes ces écoles ont reçu 65 tôles pour couvrir les classes de 7ème de l’école fondamentale.

A Ceru, l’ambiance change
Sur la colline Ceru, zone Gitega rurale, la population était très nombreuse contrairement au centre-ville de Gitega. Peut-être que la présence d’Onésime Nduwimana, porte-parole du parti au pouvoir, y est pour quelque chose. C’est sa colline natale. Mais apparemment, ils s’attendaient à quelqu’un d’autre. «Où il est le président? », «C’est qui le président Nkurunziza ?», s’interroge la foule. Ils ont vite déchanté en apprenant que l’homme attendu n’est pas venu. Certains ont rebroussé chemin, d’autres ont continué de festoyer malgré ce désenchantement.

Dans la foulée, le gouverneur de la province Gitega, Sylvestre Sindayihebura, s’est félicité du passage de ce Flambeau dans sa province car, d’après lui, il a permis de couvrir quatre écoles fondamentales. Et de conclure que le Burundi vit une période de paix propice pour la reconstruction du pays à travers les travaux de développement. Le Flambeau de la paix a continué sa route en direction de la commune Gishubi.

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