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2 mars 2014

Burundi:Mission impossible pour le premier Vice-président de la République.

Arc en ciel
Le 1er Vice-Président et son épouse
L’Ir Prosper Bazombanza, cadre du parti Uprona et ancien Gouverneur de la province de Mwaro (Burundi) est désormais le nouveau Vice-président de la République du Burundi, depuis le 13 février 2014. Il remplace l’Honorable Bernard Busokoza, limogé par le Président Pierre Nkurunziza, le 1er février dernier, après seulement trois mois d’exercice de ces lourdes responsabilités! Il devient ainsi, la cinquième personnalité de l’Uprona, a occupé ce poste, depuis l’accession du Cndd-Fdd au pouvoir, en août 2005. L’Ir Prosper Bazombaza arrive après le Dr Martin Nduwimana, le Dr Yves Sahinguvu, l’Ambassadeur Terence Sinunguruza et le Major Bernard Busokoza. Avec cette particularité que l’Ir Prosper Bazombaza n’aura pas obtenu la bénédiction d’une grande majorité de membres de son parti, l’Uprona.

Pis encore, les cérémonies de son investiture n’ont pas connu la présence de principaux ambassadeurs occidentaux accrédités au Burundi, ni celle de représentants des grandes confessions religieuses du pays ! Il s’agit d’une première au Burundi. Ce qui laisse entendre que l’Ir Prosper Bazombanza, premier Vice-président de la République, s’illustre comme un pion de la rupture entre le Cndd-Fdd au pouvoir et la branche majoritaire de l’Uprona, son allié de toujours. C’est également un symbole de l’isolement politico-diplomatique du pouvoir burundais, vis-à-vis de ses principaux partenaires, tant sur le plan national qu’international. Sous ce décor, l’Ir Prosper Bazombanza aura du mal à convaincre ses interlocuteurs, au Burundi comme lors de ses missions à l’étranger où il devrait être logiquement indésirable, personae non grata !

Pour le meilleur et le pire avec le Cndd-Fdd
En acceptant d’occuper son fauteuil dans ces conditions très peu orthodoxes et décriées par ses anciens compagnons de lutte politique, l’Ir Prosper Bazombaza s’est disqualifié à jamais, sur fond d’une trahison indescriptible qui ne s’effacera pas du jour au lendemain. Une telle option pour un administratif qui n’a pas du tout démérité à la tête de la province de Mwaro (Burundi) et à la Commission Nationale Terre et Autres Biens (Cntb) où il n’était pas également déconsidéré, l’actuel Vice-président de la République, comme d’ailleurs sa marraine, l’ancienne ministre de la Communication, Concilie Nibigira, se range complètement dans les rangs du Cndd-Fdd, quoi qu’il porte la casquette Uprona.

Sinon, pourquoi accepter cette offre empoissonnée, pendant que son propre parti est en plein processus de réconciliation ? C’est jouer le jeu de son adversaire politique et participer délibérément à la déstabilisation de son parti, en envoyant la philosophie du Prince Louis Rwagasore dans le fond d’une décharge publique ! En réalité, le processus de nomination de l’Ir Prosper Bazombanza démontre que même le Cndd-Fdd n’est pas à l’aise dans ses draps. Loin d’être démocrate et fair-play, tout se fait dans le forcing et contre la loi, ce qui nous pousse à croire que derrière cette promotion boiteuse de l’Ir Prosper Bazombanza, se cache une double motivation du pouvoir Cndd-Fdd et des "Généraux" qui l’incarne.

En effet, l’Ir Prosper Bazombanza n’a comme mission que de pérenniser la crise interne à l’Uprona, en minant son processus de réconciliation. Pendant ce temps, avec l’appui du Cndd-Fdd, du Service National de Renseignement, de la Police Nationale du Burundi et de l’appareil judiciaire, l’Ir Prosper Bazombanza doit se jeter au four et au moulin, dans un but précis de permettre un mandat à vie au Président Pierre Nkurunziza.
Aujourd’hui, en dépit de fonds déjà investis dans cette entreprise anticonstitutionnelle pour endormir l’Uprona, via l’Honorable Bonaventure Niyoyankana et sa clique, ce parti peut toujours se remettre vaillamment débout et faire un score honorable en 2015. Ce qui fait très peur au Cndd-Fdd. Ainsi, l’actuel premier Vice-président de la République arrive pour donner un coup de main au couple stérile, composé par l’Honorable Bonaventure Niyoyankana et Mme Concilie Nibigira.

Quoi qu’il en soit, même s’il serait boosté au viagra politique, l’Ir Prosper Bazombanza se trouve dans une position très inconfortable. Sans aucune base arrière politique capable de l’aider à accomplir parfaitement ses missions constitutionnelles, l’actuel premier Vice-président de la République ne va servir que le Cndd-Fdd au pouvoir, avec aucun dividende pour son parti. Encore moins pour le Burundi et le reste de sa population. Il est et restera sous les ordres du Président Pierre Nkurunziza, à titre officiel et privé. Il ne sera pas inquiété, aussi longtemps que la dictature du pouvoir Cndd-Fdd restera aux affaires. Mais sa chute, par les urnes ou par tout autre moyen, s’annonce également comme la fin de sa promotion dramatique, comme premier Vice-président de la République. Désormais, il est lié au pouvoir Cndd-Fdd pour le meilleur et le pire.

Le prix de la trahison
Avec ce mariage de raison, on aura constaté que les Upronistes sont loin de se débarrasser de leur virus d’aimer l’argent et les divisions quand il y a une lutte d’entrer dans les allées du pouvoir. Cette fois-ci, il faut reconnaitre que la nomination de l’Ir Prosper Bazombaza fait beaucoup de bruits, uniquement parce que ce sont les profiteurs de ces divisions qui viennent de changer. Au fond, c’est la même recette qui s’y utilise depuis pratiquement 1992, sous le même label. Reste à savoir si le jeu politique entre le Cndd-Fdd au pouvoir et l’Uprona, son principal allié, va continuer avec le même règlement, ou s’il faut aujourd’hui reconstruire la scène politique burundaise sous des bases nouvelles, avec des nouveaux visages et une autre vision, plus entreprenante, plus nationaliste et vraiment responsable ?

En attendant, avec ce mauvais départ, l’Ir Prosper Bazombanza risque de jeter l’éponge, avant 2015. Il n’ira pas très loin et sortira probablement la tête basse, avant 2015, avec des saletés jusqu’au cou. C’est le prix de la trahison. Wait and see !

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