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20 septembre 2013

Burundi: École Internationale de Bujumbura -« Ils n’avaient aucune raison de nous licencier ! »

Journal Iwacu
Licenciés sans préavis ni indemnités, Jacqueline Muhorakeye, l’ex- directrice de l’EIB et son adjoint, Emmanuel Ntibishime, reviennent sur leur licenciement « non conforme aux règlements » …

« Les procédures utilisées pour nous licencier n’ont pas été conformes », indique Jacqueline Muhorakeye, l’ex-directrice de l’EIB. Et de citer les articles violés : l’article 5 du règlement d’ordre intérieur de l’EIB (délimitant les misions du Comité Exécutif), les articles 14 et 32 du statut de l’association des parents d’élèves de l’EIB ( le premier indique qu’un point doit préalablement figurer à l’ordre du jour pour pouvoir être analysé en réunion et le second que les nominations, suspensions et révocations du personnel de l’EIB sont du ressort du Comité de Gestion et non pas du Comité Exécutif).

Son licenciement survient après la clôture sans suite d’un dossier disciplinaire ouvert contre elle depuis pratiquement l’entrée en fonction de l’actuel Comité Exécutif et au lendemain d’une réunion commencée entre le Comité Exécutif et la Direction, mais terminée en l’absence de cette dernière. 

« La réunion, qui avait adopté comme ordre du jour ’Evaluation du rapport de l’activité administrative, financière et pédagogique de l’EIB pour 2012-2013’, a viré à une réunion de licenciement, les victimes ayant été priées de quitter la salle peu après le début des échanges sur le rapport », confie-t-elle. 

« Le Comité Exécutif a émis quelques recommandations après la présentation de ce rapport, mais rien qui puisse justifier un licenciement », explique son adjoint.

Quant au rapport d’audit organisationnel, comptable et financier sur les exercices budgétaires de 2009, 2010 et 2011, mis en avant dans les médias par le Représentant Légal, « aucune charge n’y est soulevée contre quiconque, mais des recommandations : mise en place des outils de gestion, des manuels de procédure, mise à jour des textes régissant l’école…» L’Assemblée Générale a approuvé ce rapport en son temps », assurent-ils.

Un coup prévu d’avance
Pour Mme Muhorakeye, le nouveau Comité Exécutif cherchait, depuis le début de son mandat, à se débarrasser d’elle comme il venait de le faire pour trois autres agents administratifs. « Ils ont essayé par tous les moyens de me pousser à démissionner en essayant de charger mon dossier administratif par des demandes d’explication à tort et à travers. J’ai évidemment répondu à toutes ces demandes d’explication et paradoxalement, deux jours avant mon licenciement, le Comité s’était même résigné à clôturer sans suite toutes ces demandes d’explication. Sans doute parce que j’avais proposé par écrit et à deux reprises, de négocier mon départ afin d’éviter que l’école ne soit victime du mauvais climat de travail qui s’alourdissait au jour le jour », révèle-t-elle.

Tout remonte en 2011, avec une grève du personnel enseignant qui accuse la direction de détournement de 36 millions de Fbu. Un rapport est alors exigé dans les plus brefs délais par l’Assemblée Générale qui réfute cette accusation.

Toutefois, racontent la Directrice et son Adjoint, le Comité Exécutif ne s’avoue pas vaincu. Dès lors commence un harcèlement soutenu de la Direction de l’EIB. « Il y avait de plus en plus une volonté manifeste de la part du Comité Exécutif de diriger l’école à la place de la direction » rapporte Emmanuel Ntibishime, le directeur adjoint.

Des licenciements qui posent des questions : difficile de se prononcer sur le fonds de l’affaire mais une chose semble établie : la décision de licencier l’équipe directionnelle n’a pas suivi la procédure régulière. 

L’article 14 du statut de l’association des parents d’élèves de l’EIB stipule qu’« Un point doit préalablement figurer à l’ordre du jour pour pouvoir être analysé en réunion ». 

Alors pourquoi une réunion qui avait pour ordre du jour l’évaluation du rapport de l’activité administrative financière et pédagogique de l’EIB pour 2012-2013 s’est-elle subitement transformée en une réunion de licenciement ? De surcroit, le Comité Exécutif a outrepassé ses prérogatives. 

L’article 32 du statut de l’association des parents d’élèves de l’EIB est, à cet égard, clair : « Les nominations, suspensions et révocations du personnel de l’EIB sont du ressort du Comité de Gestion et non pas du Comité Exécutif ».

Pire encore, l’Assemblée Générale, l’organe suprême de l’école, n’en a pas été informée alors qu’il est censé donner son avis préalable à un éventuel licenciement. Rappelons que d’autres litiges (2 autres membres du personnel licenciés) sont pendants devant les juridictions depuis l’entrée en exercice de ce Comité Exécutif. Ceci ne risque-t-il pas d’exposer davantage l’EIB et indirectement les parents ?

« C’est en partie grâce à nous si l’école est ce qu’elle est »
« L’Ecole internationale de Bujumbura est une école prestigieuse, de renommée internationale. Si elle a cette notoriété dans le pays, c’est en partie grâce nous ! » À la tête de l’école depuis 21 ans, Mme Muhorakeye assure n’avoir jamais eu de plaintes des parents sur la gestion de l’école. 
« Que du jour au lendemain, on nous accuse de mauvaise gestion et d’incompétence notoire, c’est insensé ! » s’insurge-t-elle.

Emmanuel Ntibishime, son adjoint depuis 14 ans, affirme qu’il n’a reçu qu’une seule lettre de la part du Comité Exécutif : « Une lettre de licenciement dans laquelle les griefs évoqués ne constituent pas des fautes au sens de la règlementation de l’école. Comment le fait de contracter et de rembourser un crédit peut-il constituer une faute passible de licenciement ? »

 Et d’enfoncer le clou : « Même si fautes il y avait, ce n’était pas au Comité Exécutif de nous licencier mais au Comité de Gestion après avis de l’Assemblée Générale compte tenu de l’importance de la mesure et de ses répercussions.»

Et les parents dans tout cela ?
« La directrice, c’est incontestable était à la hauteur de ses fonctions. Elle a bien dirigé l’école, elle était rigoureuse et très à cheval sur la ponctualité des élèves. Mais pour ce qui est de la gestion de l’école, nous faisons confiance aux deux comités car ils ont été choisis par l’Assemblée Générale… », dixit Déo Hasabumutima, parent de trois élèves de l’EIB.

Pour Aloys Batungwanayo, parent d’élève, que le comité exécutif ait décidé de licencier la directrice et son adjoint, c’est une chose. Mais que cette décision ait été prise sans en informer l’Assemblée Générale, qui est l’organe suprême de l’EIB, pose problème. Or, c’est une décision qui aura sans doute des conséquences sur l’encadrement de l’école.

Pour rappel, la directrice et son adjoint sont accusés d’ « actes de mauvaise gestion, insubordination, prise illégale d’intérêts, violation des statuts de l’école, prise de position contraire aux intérêts de l’école, incompétence notoire… »

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