Salathiel Muntunutwiwe a réalisé une étude sur les conflits fonciers entre rapatriés et résidents. Il propose la création du fonds d’indemnisation.
Le politologue constate que la CNTB est influencée par une gestion émotionnelle de la question. Ce politologue fait remarquer que la CNTB ne tient pas compte de la notion d’acquéreur de bonne foi pourtant reconnue par la loi burundaise : « En traitant la question foncière, poursuit-il, la CNTB veut tout simplement restituer la terre au rapatrié. »
Salathiel Muntunutwiwe explique que cette gestion crée des problèmes de confiance, de réconciliation et de bonne cohabitation entre le rapatrié et le résident ou l’acquéreur de bonne foi. D’après lui, le travail de terrain qu’il a réalisé a montré que certains rapatriés évitent de poser à la CNTB ces problèmes : « Ils ne veulent pas que la CNTB expulse quelqu’un qui a acheté de bonne foi. »
Ce qui étonne le politologue est que la CNTB ne veut pas tirer des leçons de l’histoire. Pour lui, la CNRS (Commission Nationale de Réhabilitation des Sinistrés) avait fait une étude pour collecter les fonds qui seraient donnés au rapatrié ou au résident pour résoudre les problèmes de terre : « L’argent était estimé à plus de 600 millions de dollars. » Au lieu de continuer le même exercice, précise-t-il, la CNTB veut créer des problèmes en privilégiant la logique de la restitution unilatérale.
Pour Muntunutwiwe, cette gestion a pour conséquence le manque de réconciliation : «Il y a risque d’affrontement entre les rapatriés et les résidents même quand ils sont de la même ethnie.» Selon lui, son travail a montré que la terre est une question de vie ou de mort au Burundi. « C’est une question d’identité qui concerne tout le monde », insiste-t-il. Salathiel Muntunutwiwe rappelle que cela peut créer un problème politique grave qui risque d’être traité par le régime en place. Or, celui-ci s’est déjà piégé parce qu’il considère que la CNTB gère bien la question alors qu’elle est en train de « creuser la tombe du régime. »
Des voies de sortie
Le politologue propose la création et la mise en place d’un fonds d’indemnisation ainsi que le remplacement de la CNTB actuelle. « Il faut y mettre d’autres individus capables de gérer la question de manière posée et rationnelle afin de réconcilier le peuple burundais », conseille-t-il. La CNTB doit être contrôlée par un ministre qui peut aller répondre aux questions des parlementaires et non par le Président de la République.
Enfin, conclut Muntunutwiwe, l’Etat est le responsable de la gestion et de la régulation du problème foncier au Burundi. Il lui demande de chercher de l’argent pour créer ce fonds prévu par Arusha pour résoudre le problème entre rapatriés et résidents et acquéreurs de bonne foi.
Néanmoins, Dieudonné Mbonimpa, porte-parole de la CNTB, souligne que le travail de cette commission vise la réconciliation de tous les Burundais.
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