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28 mai 2013

Burundi: Et si le Président Nkurunziza était en train d’en payer les frais ?

Burundi Bwiza

L’instrumentalisation politique de Dieu et de son Eglise 

Pierre Nkurunziza
A sa prise de fonction en qualité de Président de la République, le 26 août 2005, Monsieur Pierre Nkurunziza proclamait la maxime devenue célèbre depuis, l’on cite : « Prier en travaillant et travaillez en priant » avant d’en faire le leitmotiv de sa gouvernance du pays transformé, du coup, en une théocratie bien tranche avec le régime laïque constitutionnellement consacré.

Avec un peu de recul, l’on peut se demander aujourd’hui de quelles prières il s’agissait et pour quel travail ! Le constat est là, la réalité têtue, la vérité éclose: ce n’est ni avec Dieu, ni avec sa bénédiction que Pierre Nkurunziza peut prétendre régner sur un Burundi miné par les assassinats et les emprisonnements politiques arbitraires, la corruption, le vol et le viol, la manipulation et le mensonge politiques, l’insécurité, la maladie et la misère! Tout porte même à croire que la malédiction divine s’abat sur ses dirigeants déjà condamnés à perdre les élections à venir, en raison des intentions et des projets très peu rassurants qui sont les leurs!

Au cours des cérémonies d’investiture très hautes en couleurs, Monsieur Pierre Nkurunziza a publiquement et solennellement affirmé que ce destin grandiose lui avait révélé en 1999, lorsqu’abandonné par ses frères d’armes qui le prenaient pour mort, après un affrontement particulièrement meurtrier avec les troupes gouvernementales, il n’eut la vie sauve que grâce à la bienveillance divine, retranché dans un buisson longeant la rivière Malagarazi, en province Makamba. Notre site vient justement de mener et de clôturer une enquête sur les faits, après avoir interrogé, six mois Durant, les combattants de l’ex-rébellion Cndd-Fdd, toutes catégories confondues, les gardes du corps de Pierre Nkurunziza à l’époque et les mobilisateurs politiques qui opéraient, à cette date, dans les provinces Bubanza et Makamba.

Les résultats des investigations complètes et recoupées, sont livrés dans les colonnes qui suivent: 

1. En 1999,Pierre Nkurunziza était chargé des questions politiques au sein du Cndd-Fdd, dans la zone ouest formée des provinces Bubanza, Bujumbura, Muramvya, Cibitoke, Kayanza et de la Mairie de Bujumbura. Ses compagnons le présentent comme quelqu’un qui fumait beaucoup (3 paquets de cigarettes par jour) et adorait la bière Primus. Il est en outre et surtout connu pour son égoïsme qui le poussait à consommer seul ces produits, même si le code de conduite du mouvement prônait la solidarité, le partage et la convivialité.

2. A ce moment, l’Etat major général de la région ouest se trouvait dans la Kibira, plus précisément à Ndubura.

3. Durant les weekends, Pierre Nkurunziza aimait se livrer à des parties de musique reggae, aux cotés de ses amis qui le connaissaient très peu bavard et sobre de mots. Il ne révélait et n’assumait que très rarement son point de vue sur les questions fondamentales, certainement de peur d’être étiqueté, de l’avis de ses compagnons de lutte.

4. En raison des difficultés familiales qui l’accablaient, d’après ses propres révélations, Pierre Nkurunziza a commencé à s’intéresser à la lecture de la Bible, en 1999, sans revendiquer un culte particulier, au rang des confessions chrétiennes, d’autant plus que son père était Anglican et sa mère catholique. Il n’a jamais annoncé, à qui que ce soit, le contrat qu’il venait de sceller avec Dieu, si contrat il y avait, concernant son avenir politique.

5. Au début de l’an 2000, Pierre Nkurunziza et Silas Ntigurirwa, de même que d’autres responsables politiques et militaires du Cndd-Fdd, ont été redéployés à Buga, en commune Kayogoro, province Makamba, où d’intenses combats ont fait rage, Durant le conflit armé.

6. En date du 21 janvier 2001, Pierre Nkurunziza et Anatole Manirakiza, le 1er vice-président du Senat, furent blesses à la jambe par les éclats d’une bombe lance tout près de la case où était assis le futur Président de la République. Les deux responsables ont été immédiatement évacués par les soldats en charge de leur sécurité personnelle et amenés à l’endroit où étaient rassemblés les autres combattants du Cndd-Fdd. Pasteur Mpawenayo, qui était avec Pierre Nkurunziza ce jour, a eu plus de chance, puisqu’il est sorti indemne de l’attaque.

7. Contrairement à ses dires, Pierre Nkurunziza n’a jamais été laissé seul, pendant ses souffrances. Après avoir bénéficié chaleureusement des premiers soins, à cet endroit même, il a été transféré à Lubumbashi, en République Démocratique du Congo, pour les traitements médicaux appropriés, aux bons soins du Secrétaire Général du Cndd-Fdd, El Hadj Hussein Radjabu.

8. Tous les officiers, les combattants et les personnes interrogés sur les faits déclarent avoir été écœurés par les propos excessivement mensongers que Pierre Nkurunziza a servis à la communauté internationale et au people burundais, lors de son investiture le 26/08/2005, concernant sa trahison par les siens et sa protection par Dieu, dans un décor idyllique de révélation et de bénédiction.


Pierre Nkurunziza et Hussein Rajabu
En définitive donc, Pierre Nkurunziza dit tout sauf la verite, à dessein, évidemment. En se présentant comme l’élu autoproclamé de Dieu, chargé d’une mission pour le Burundi et en infantilisant conséquemment le peuple burundais et ses représentants au Senat et à l’Assemblée Nationale, il poursuit un objectif bien clair : asseoir une gouvernance permanente d’inspiration théocratique, manipulant les consciences, pour mieux échapper aux dures exigences de la démocratie pour laquelle s’est pourtant battu le Cndd-Fdd, qui l’a porté au pouvoir en réalité!

A y regarder de très près, on voit son entreprise politique à l’œuvre dès sa prise de fonction en août 2005. Comme en province Cibitoke, récemment, Pierre Nkurunziza n’a cessé de rappeler aux burundais que même si les sénateurs et députes ne l’avaient pas élu, il serait passé Président de la République, par la volonté de Dieu.

L’on se souviendra qu’au lendemain de son investiture, Pierre Nkurunziza a tenté, sans succès, de manipuler et d’instrumentaliser les confessions religieuses, à son avantage, en instituant un cadre hebdomadaire de programmation et d’évaluation des activités de développement, avec tous les leaders religieux, comme s’il présidait un conseil de ministres bis !

Pierre Nkurunziza
Après avoir rencontré la résistance très diplomatique des responsables religieux les plus sérieux du pays , qui ont vite perçu les dangers de son projet, Pierre Nkurunziza n’a pas désarmé. Il a même franchi le rubicond, dans son entreprise très osée de viol des consciences et de lavage de cerveaux d’une population désespérée et en proie à toutes les misères du monde, en procédant, lui et son épouse, Denise Bucumi, au nettoyage de pieds de certains citoyens, notamment à Bubanza et à Kayanza, en guise d’humilité, prétendent-ils, à l’image de Jésus Christ vis-à-vis de ses disciples, à la veille de sa crucification !
A travers ces faits et gestes auxquels s’ajoutent ses acrobaties rituelles, comme il sait les exécuter, lors des croisades dites « évangéliques », que lui et son épouse ont l’habitude d’organiser et de diriger, en pasteurs autoproclamés, il est clair que Pierre Nkurunziza cherche à s’imposer comme le gourou du Burundi, nanti d’un pouvoir divin que personne ne doit et ne peut lui disputer, au nom d’une certaine idée de la démocratie !

Pierre Nkurunziza est donc, ni plus, ni moins, un menteur né et invétéré, un hypocrite cynique, un dictateur hors pair animé d’un esprit vindicatif maladif et un égocentrique inégalé avide de pouvoir, d’argent et de gloire. En dehors de son cercle familial et de son cortège de courtisans, qui saignent l’économie et les finances nationales et s’enrichissent de façon démesurée, quand les autres citoyens croupissent dans une misère extrême, le Burundi n’existe pas !

Le paradoxe apparaît et trahit sa démarche, en le mettant ouvertement très mal à l’aise, quand Pierre Nkurunziza revendique à la fois un pouvoir divin inconditionnel, assuré à vie et se livre à une offensive politique désespérée , maladroite et violente contre ses rivaux du Cndd-Fdd, le parti qui l’a propulsé au pouvoir et contre les principaux partis de l’opposition, à savoir l’Upd-Zigamibanga, le Fnl et le Msd.

Nkurunziza se fait bénir 
dans son bureau
S’il croit réellement en Dieu, le Tout-Puissant qui, d’après ses révélations publiques à répétition, a souscrit à son bénéfice exclusif, une assurance-pouvoir, pourquoi a-t-il peur des élections et de ses concurrents ?
A la limité, il ne devrait même pas s’y présenter puisque déjà en 2005, il n’a nullement fait cas de la contribution, combien précieuse et décisive pourtant, du Cndd-fdd et de ses millions d’électeurs, dans son accession à la magistrature suprême, comme si ces derniers ne pouvaient pas élire quelqu’un d’autre, au sein du parti, pour exercer la fonction présidentielle à sa place !

Si Pierre Nkurunziza n’avait pas peur des élections, parce que convaincu déjà à l’avance qu’il les perdra, à coup sûr, si les mécanismes électoraux s’avèrent libres et transparentes ; le peuple burundais ayant démasqué et désavoué le personnage, ses visées douteuses et ses œuvres dangereuses, pourquoi devrait-il recourir, lui et le Cndd-Fdd dégénéré et en chute libre dans les sondages, aux pires manœuvres pour tenter des fraudes massives que la CENI et la population burundaise sont décidées à démonter, l’une après l’autre, heureusement ? Le fait est là. Pierre Nkurunziza a peur. Très peur même.

Après avoir instrumentalisé Dieu et son Eglise sainte et sacrée, manipulé et violé les consciences de ses citoyens et plongé son peuple dans le dénouement total et le désespoir le plus achevé, il doit accepter, comme d’autres l’ont fait, avant lui, Buyoya en 1993 et Ndayizeye en 2005, non sans amertume, de se prêter au jeu démocratique, avec tout ce qu’il comporte d’incertitudes et de rebondissements, en particulier lorsqu’on n’a pas de programme sérieux à soumettre ou de bilan flatteur à présenter !

Et ce n’est pas son bilan de morts, de blessés, d’emprisonnements, de viols et de vols, de terrorisme, de violences et d’insécurité, de détournements de fonds publics, de privatisation de l’Etat, de violation de la Constitution et des lois et de violation massive des droits de l’homme qui aura les faveurs des électeurs en 2010 !

La démocratie est une pilule très amère à avaler et la sanction populaire à travers le désaveu électoral, une récompense politique légitime aux dirigeants défaillants. En toute sagesse et en homme de foi réellement,Nkurunziza Pierre devrait laisser s’exprimer librement la volonté populaire, pour une fois qu’il peut reconnaître le peuple comme seul détenteur et pourvoyeur du pouvoir, et jeter l’éponge une fois proprement battu, pour donner une chance à la paix et à la démocratie. Il peut après tout se recycler et se convertir en grand producteur d’avocats, d’ananas. Et il vivra bien et longtemps, très heureux !

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