Journal Iwacu
Commémoration ce dimanche 5 mai de l’assassinat de 40 séminaristes de Buta, un drame qui se passa le 30 avril 1997. La place est devenue un lieu de pèlerinage.
A 9h30, au séminaire de Buta (commune et province de Bururi), des centaines de chrétiens,
Les tombes des jeunes martyrs de Buta |
parfois venus de loin affluent vers la « Place
des Martyrs de la fraternité ». Un espace de
recueillement bien aménagé : derrière l’autel de la chapelle figure une fresque murale présentant les visages des 40 élèves tués il y a 16 ans. Les parents, les amis ou les parentés des défunts déposent des gerbes de fleurs sur les tombes bien entretenues de leurs proches. A quelques mètres de là, un espèce de hangar dans lequel s’abrite le gros de ceux qui participent à cette journée. Beaucoup d’eux ont passé la nuit à prier.
La messe est dirigée par Mgr Bonaventure Nahimana, l’évêque de Rutana qui commence par dépôt de gerbes de fleurs et la bénédiction de tombes. Après lui, ce sera au tour de quelques prêtres, de parents des « martyrs » et de rescapés. Sont également présents trois députés et un sénateur de l’Uprona, tous originaires de Bururi, ainsi que le Pr Venant Bamboneyeho qui déposera une fleur au nom de l’AC Génocide Cirimoso. Par contre, personne ne représente officiellement les autres partis politiques ou le gouvernement.
Des saints non chantés ?
« Nous sommes venus commémorer ces martyrs qui ont montré que l’amour de Dieu dépasse les divisions et les ethnies. Ils ont prouvé qu’ils étaient de vrais frères », martèle Mgr Nahimana dans son homélie, invitant tout le monde à suivre l’exemple de ces jeunes qui « ont montré que la fraternité et l’unité ne sont pas que des mots. » En mourant pour la fraternité, renchérit-il, ces enfants ont honoré l’Eglise et le pays.
Le père Zacharie Bukuru, qui était recteur de ce petit séminaire quand le drame a eu lieu, insiste beaucoup en invitant chacun à témoigner sur ce qu’il connaît de ces braves : "Il faut rassembler les témoignages le plus vite possible, les mettre par écrit et les donner à l’évêque de Bururi" rappelle-t-il, à l’adresse surtout des rescapés : "C’est vous qui les connaissez car vous avez tout partagé. Quand Rome aura confirmé que ce sont des martyrs, continue-t-il, ce sera un grand honneur pour le Burundi et le monde entier !"
A quand la justice ?
Le député Charles Nditije, président du parti Uprona indique que ce qui s’est passé à Buta est une leçon pour tourner la page. Quant à savoir pourquoi les autres formations politiques ne sont pas venues, il indique que "le chemin de la division est sans issue", profitant pour expliquer que son parti "déplore les victimes indépendamment de leurs ethnies. Avant d’inviter tout le monde à "assumer ses responsabilité devant l’histoire :quand vous mentez, vous n’êtes pas réconciliés avec vous-mêmes.Ainsi, vous ne pouvez pas vous réconcilier avec les autres"
Quant à ceux qui disent que les rebelles ont tué ces élèves parce que certains avaient des armes, Jean Nepo Bironkwa, président de l’Association des rescapés de Buta explique : "Ceux qui l’ont dit n’oseraient pas du tout le répéter aujourd’hui. C’est un pur montage, ils ont massacré des mineurs", lance-t-il avant d’affirmer que "tôt ou tard, la vérité éclatera au grand jour." Et de promettre de tout faire pour que les témoignages sur les victimes soient rassemblés.
Pour rappel, c’était le 30 avril 1997. Des rebelles se sont introduit dans le dortoir. Ils ont intimé l’ordre aux élèves de se séparer, les Hutu d’un côté, les Tutsi de l’autre. Les jeunes ont refusé. Les assaillants les ont massacrés ensemble. Ainsi, les 40 sont morts ensemble comme de vrais frères.
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