Burundi:les quatre grands commissionnaires du régime Cndd-Fdd

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Evrard Giswaswa

Maitre Evrard Giswaswa, ancien maire de la ville de Bujumbura, n'ira pas en prison comme prévu. Le Président Pierre Nkurunziza l'a récemment nommé au poste de Directeur General d'Air Burundi. D'après une source de la Mairie de Bujumbura, il récoltait à lui seul et pour son compte personnel, pas moins de 100 millions de Fbu chaque mois. Nombreux sont les agents de la mairie qui croyaient que son remplacement allait lui ouvrir les portes de Mpimba. C'était méconnaitre les "deals" qu'il partage avec Pierre Nkurunziza. 

D'ailleurs, Me Evrard Giswaswa avait très peur. Il ne doit sa liberté et sa récente nomination, qu'à sa campagne de chantage qu'il a vite déclenchée depuis son limogeage pour impliquer certains dignitaires dans ses malversations, y compris son ami et protecteur, Pierre Nkurunziza. Sa fortune personnelle est estimée à 6 milliards de Fbu, dont 2 milliards étaient blanchis sur un compte bancaire au Rwanda. Il dispose d'un parc automobile privé de 650 millions de Fbu et s'amuse à faire des tournées de 4 millions de Fbu, tous les vendredi soir à Bujumbura, en compagnie des jeunes filles dont certaines sont les enfants de ses amis. N'est-ce pas une bonne affaire pour son bar préféré, "Toxic" ? Son rôle majeur, c'est d'être le patron de plusieurs entreprises fictives qui se font payer par le trésor public, pour des nébuleuses commandes. A ce titre, il tombera avec le Président Pierre Nkurunziza. Aucun magistrat ne peut se hasarder de l'arrêter. Sa nouvelle mission serait de liquider endéans six mois, Air Burundi, et le vendre à vil prix, aux chinois ou au groupe Agha Khan qui s'arrachent cette compagnie. Ils veulent aussi et en même temps, la Sobugea. C'est donc en mercenaire que Me Evrard Giswaswa entre dans ses nouvelles fonctions. Au bout de ce deal, des milliards à encaisser.

Honorable Alexis Barekebavuge

Alexis Barekebavuge

Il en est de même de son ami, l'HonorableAlexis Barekebavuge, le "fils adoptif" de Pierre Nkurunziza. Très puissant dans l'ossature politico-mafieuse du régime Nkurunziza, il est au cour de tous les scandales financiers depuis 2007. Avec une bible dans la main et un poignard dans l'autre, cet élu de Cibitoke est l'éminence grise de Pierre Nkurunziza. A ce titre, il fait des navettes régulières entre Bujumbura, Kampala, Nairobi, Johannesburg, ... et plusieurs autres villes mondiales. 

Comme l'a écrit récemment un confrère, le but de ces voyages c'est de non seulement escroquer des investisseurs étrangers, mais aussi mettre à l'abri l'argent du chef de l'Etat, tiré de toutes ces malversations. Alexis Barekebavuge fait et défait les ministres. C'est aussi lui qui propose la plupart de cadres de l'Etat aux nominations. Malgré ses croyances religieuses présumées, c'est un client habituel des marabouts. Il va même à l'extérieur du pays pour les rencontrer. Pour certains de ses proches parents, c'est grâce à ses gris-gris qu'il parvient à neutraliser tous ses interlocuteurs. Il arrive à tous ses fins. Même Pierre Nkurunziza est victime de ses anesthésies. Il faudrait passer voir son chantier à Sororezo, jusque à côté de la résidence du Major Pierre Buyoya. Cette villa somptueuse en construction, elle est l'une de ses quinze maisons éparpillées dans tous les quartiers de Bujumbura et à Cibitoke, sa province natale. D'où viennent toutes ces richesses en cinq ans seulement ? Alexis Barekebavuge est compté parmi les milliardeurs de ce pays. Selon certaines estimations, sa fortune tourne autour de 30 milliards de Fbu.

Ensuite vient Laurent Wege, nommé depuis quelques années, envoyé spécial de Pierre Nkurunziza, à titre d'Ambassadeur. Moins connu que les autres membres de cette bande, Laurent Wege est le premier burundais qui a acheté et amené sur place, une jeep Hammer. Un proche parmi les proches de Pierre Nkurunziza, il utilise ses connaissances en Scandinavie où il a vécu longtemps (Suède), aux Etats-Unis d'Amérique et en Afrique du Sud pour permettre certaines transactions du gouvernement ou de quelques personnalités du pays, à titre privé. En contrepartie, il touche ses commissions, évaluées à plusieurs millions de Fbu chaque mois. Lui aussi, il collectionne des villas dans les quartiers chics de Bujumbura. Laurent Wege détient beaucoup de secrets sur Pierre Nkurunziza et ses généraux. Il est à l'aise dans tous les milieux de ce pouvoir (politique, militaire, judiciaire, ...). C'est grâce à sa fortune personnelle et à son carnet d'adresses qu'il excelle dans l'affairisme, sans toutefois être connu du grand public au Burundi. Aujourd'hui, Laurent Wege est branché sur la RDC où il aurait quelques business, notamment dans le trafic illégal des minerais. Il est pour l'instant identifié comme étant parmi les membres du Cndd-Fdd dont la mission principale vise à financer l'obtention d'un troisième mandat de Pierre Nkurunziza, en passant notamment par l'achat de parlementaires pour changer certaines dispositions constitutionnelles. Financièrement à l'aise et matériellement bien équipé, Laurent Wege dispose d'une grande fortune, quoi qu'il ne soit pas facile de l'estimer. Il agit toujours sous cagoule.

Ambassadeur Joseph Ntakarutimana

Joseph Ntakarutimana

Mais le plus cruel et dangereux de cette bande reste bien évidemment l'Ambassadeur Joseph Ntakarutimana, plus connu sous le surnom de "Patiri". A l'instar de ces trois autres gangsters, il a la latitude de rencontrer le chef de l'Etat sans passer par son protocole. Il passe dans toutes les grandes maisons de Bujumbura pour exiger des sponsors en vue de soutenir les chantiers du chef de l'Etat. Au palais présidentiel, il est reçu et écouté beaucoup plus que les deux vice-présidents et tous les ministres du gouvernement burundais. Dernièrement, alors que la libération de l'Honorable El Hadj Hussein Radjabu était presque acquise, c'est Joseph Ntakarutimana qui a convaincu Pierre Nkurunziza qu'Hussein Radjabu reste très dangereux pour l'équipe au pouvoir. Et qu'il pourrait vite prendre le pouvoir au Burundi, avec sa libération. Peureux, Pierre Nkurunziza a cédé à ce montage grotesque de son ami. Il affiche une peur bleue face à Hussein Radjabu. C'est ainsi qu'il continue toujours d'associer son nom à toutes les rebellions qui naissent au Burundi, y compris les plus fantaisistes. Mais en réalité, Joseph Ntakarutimana n'aime personne. Ni Pierre Nkurunziza, ni le Cndd-Fdd. Il aime seulement son "ventre". Et ses conquêtes féminines qu'il multiplie et change du jour au lendemain.

Ce sont donc les quatre grands commissionnaires du régime Pierre Nkurunziza. Même s'ils ne s'entendent pas nécessairement entre-eux, ils ont le même protecteur et associé, le Président Pierre Nkurunziza. Ce sont eux qui souvent instrumentalisent les magistrats, la police nationale ou le service national de renseignement, quand il faut convoquer, emprisonner ou libérer les justiciables, sans tenir compte de la loi, ni de la gravité de leurs crimes.