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9 mars 2013

Burundi: un journaliste est libéré sans prononcé de justice

Pieuvre
Après plus de 15 mois de procédures juridiques et de détention, le journaliste Hassan Ruvakuki, correspondant de Radio-France International à Bukumbura, la capitale du Burundi, a été libéré pour obtenir des soins médicaux.
Hassan Ruvakuki
Les professionnels des médias saluent ce geste du gouvernement burundais, estimant néanmoins qu’il devrait être acquitté totalement puisqu’il n’a été victime que de son travail pour être mis en prison. Cette libération a coïncidé avec la prochaine visite du président burundais Pierre Nkurunziza en France, du 10 au 12 mars.

Qu’il soit malade ou pas, le journaliste était dans une joie indescriptible mercredi de voir sa famille, surtout sa fille, née alors qu’il était déjà en prison. Une foule immense l’attendait à son domicile. Des larmes de joie ont coulé sur les visages des gens, lui-même inclus.« On m’a libéré pour aller me faire soigner », a-t-il déclaré à la presse, remerciant tous ceux qui se sont donnés corps et âme dans le combat pour sa libération.

« Nous devons poursuivre notre lutte jusqu’à ce que le nôtre soit acquitté et libéré une fois pour toutes », soutient Patrick Nduwimana, le directeur de la Radio Bonesha Fm, employeur de M. Ruvakuki au Burundi. Le président de l’Union burundaise des journalistes n’a pas non plus caché son émotion: « il s’agit d’un bon pas en avant pour la justice burundaise qui a pensé à sa libération. »

Par ailleurs, les professionnels des médias burundais ont loué les efforts déployés par le bureau de la Présidence de la République qui s’est investi en engageant les différents acteurs, comme certains membres du Parlement, la commission nationale indépendante des droits de l’homme et le conseil national de la communication pour aboutir à cette étape. Ces organisations espèrent que le pas franchi permettra de « vider ce dossier pour se conclure avec une libération définitive du journaliste Hassan Ruvakuki ».

Malgré cette volonté affichée par la justice et le gouvernement burundais, certains milieux restent pessimistes sur sa libération définitive. Sa sortie de prison n’innocente pas pour autant le journaliste Ruvakuki, ce qui inquiète un peu l’ONG Reporters sans frontières, qui s’interroge sur les motivations des autorités burundaises, à l’approche de la visite présidentielle en France. « Si elles pourront désormais se prévaloir d’un geste de bonne volonté, déclare Reporters sans frontières, le journaliste demeure sous le coup d’une condamnation à trois ans de prison. Il peut être remis en détention à tout moment. » Cette ONG demande au président français François Hollande de soulever, le 11 mars prochain, au cours de son entretien avec son homologue burundais, le cas de ce correspondant de RFI à Bujumbura. France diplomatie écrit de son côté que l’Hexagone « a suivi avec attention toutes les étapes de la procédure judiciaire et a constamment plaidé auprès des autorités burundaises en faveur du respect des droits de la défense et de la tenue d’un procès équitable ».

Pour rappel, Hassan Ruvakuki avait été condamné à la perpétuité le 20 juin 2012, accusé de complicité aux actes terroristes. La peine a été réduite en appel, le 8 novembre de la même année, à trois ans de prison ferme. Il est actuellement accusé de participation aux activités organisées en vue d’attenter aux personnes et aux biens. Plusieurs milieux, dont les défenseurs des droits humains, les professionnels des médias et bien entendu les avocats de la défense, ont toujours plaidé pour son innocence. Ce journaliste est victime de s’être rendu en Tanzanie fin novembre 2011, pour chercher de l’information auprès d’un groupe rebelle qui voulait attaquer le Burundi.

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