A l’occasion de la commémoration du jour de la fête de l'Europe, qui marque le 62è anniversaire de la déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950, l’ambassadeur de l’Union européenne au Burundi, Stéphane De Loecker, revient, à travers son discours, sur les avancées et les défis que surmonte encore l’Union Européenne (UE). Il rappelle que Robert Schuman est le fondateur de l'intégration européenne, devenue aujourd'hui l’Union européenne.
Il déplore que l'année dernière, l'Union ne se portait pas bien et que malheureusement, le constat n'est certes pas meilleur aujourd'hui. De Loecker révèle que la crise a été engendrée notamment par le manque de compétitivité de l'UE. Certains Etats membres ont vécu au-dessus de leurs moyens et la monnaie unique a été créée avant l'harmonisation des politiques économiques et fiscales.
Tout en reconnaissant que même cette année le projet européen est en grandes difficultés, il garde néanmoins l’espoir qu’il y a encore une marge de manœuvre pour s’en sortir. A ses yeux, il suffit d’adopter une plus grande discipline et rigueur budgétaires, qui n'excluent pas une solidarité bien comprise avec les 80 millions d'Européens menacés par la pauvreté. Ensuite, opter pour une politique volontariste et raisonnable de création d'emplois productifs, notamment pour les jeunes, et pour l'augmentation de la productivité, indispensable pour rester compétitifs dans un monde globalisé où la concurrence est impitoyable. Enfin, par l'accélération de l'intégration des politiques européennes, notamment les politiques économiques, sociales et fiscales et les politiques d'immigration.
L’optimisme de l’ambassadeur de l’UE se fonde aussi sur le fait que l'Union est fortement engagée dans toutes les grandes questions qui déterminent l’avenir des pays membres. Il souligne en l’occurrence le respect des droits de l'homme et des valeurs démocratiques, le respect de l'environnement ou la lutte contre le terrorisme. Il profite de son allocution pour donner deux exemples concrets de cet engagement de l'Union dans le monde.
D'abord, la création au sein de l'Union, avec les Etats-membres, d'un mécanisme conjoint de gestion de crise, qui a d'ores et déjà montré son efficacité en Lybie, en Afghanistan et au large des côtes somaliennes dans la lutte contre la piraterie. L'autre exemple est le dialogue difficile que l'union mène avec la Serbie et le Kosovo, des voisins de l'Ue minés par le virus ethnique, où des peuples contraints par l'histoire et la géographie à vivre ensemble, continuent à se haïr et ainsi, à nuire à leurs propres intérêts respectifs sans en tirer de bénéfices pour eux-mêmes.
Comme il ne peut pas évoquer à une occasion unique toute la liste des actions décisives de l'Union dans le monde, M. De Loecker s’appesantit beaucoup plus sur le Burundi où il est basé. L’ambassadeur de l’UE ne cache pas que l’Union sent poindre de manière diffuse, dans certains propos des Burundais, dans certains dossiers sensibles des relents ethnistes, ces derniers temps. C’est pourquoi elle demande aux Burundais qu'il n'y ait pas de nouvel accès d'ethnisme qui n'apporte que malheur et désolation.
L’Ue souhaite que le 50ème anniversaire de l'indépendance soit pour les Burundais une occasion de se libérer de toutes leurs peurs, de s'engager plus résolument encore que par le passé sur la voie de la liberté, du respect de l'autre, et du développement économique, social et moral de la nation tout entière, dans toutes ses composantes, une vaste entreprise dans laquelle le Burundi pourra toujours compter sur l'amitié de l’Union européenne.
Cette dernière indique qu’au Burundi, la peur est encore trop présente dans les esprits et que la population a même peur de dire au gouvernement qu'elle s'inquiète de la hausse des prix. Pour s’en sortir, elle recommande au gouvernement de diriger sans peur du débat, avec justice et équité. A la société civile, de s'exprimer sans crainte, dans le respect de la loi et de la déontologie. Aux leaders en exil, de pouvoir rentrer pour participer activement à la vie politique du pays.
Selon De Loecker, l'Union européenne attache la plus haute importance à ce qu'un jugement équitable intervienne rapidement dans le cadre du procès de l'assassinat d'Ernest Manirumva. Elle tient à ce que les véritables coupables et commanditaires soient dûment identifiés et condamnés. Dans ce même esprit de justice et de respect des droits de l'homme, l'Union européenne demande que le processus de la justice transitionnelle progresse conformément aux standards internationaux en la matière et n’aboutit pas en l'impunité des personnes ayant commis des crimes imprescriptibles dans un passé plus lointain. Elle souhaite également que la Commission vérité et réconciliation soit mise en place et fonctionnelle avant la fin de cette année, comme promis par le président de la République.
Quant à notre coopération avec le gouvernement burundais, indique De Loecker, elle se fait sur base du Cslp II, qui fixe, à juste titre pour priorités, l'agriculture et la sécurité alimentaire, l'énergie et le développement du secteur privé, l'amélioration des services de base à la population, le développement durable et la bonne gouvernance, domaine où notre action sera basée sur la stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, que nous souhaitons voir mise en œuvre le plus rapidement possible et dans sa totalité, a renchéri le diplomate. Néanmoins, nuance-t-il, nous ne pourrions accepter des détournements de fonds ou des pratiques de corruption qui restent courantes au Burundi, encore moins lorsque nos propres citoyens sont appelés à se serrer la ceinture. Pour l’ambassadeur De Loecker, les mêmes clés du développement recommandées ci-haut pour l’Ue - grande discipline et rigueur budgétaire par exemple – sont aussi valables pour le Burundi. Il en reste convaincu dans la mesure où le Burundi est un pays plein de potentialités. Signalons également que l’Union européenne compte accueillir en son sein la Croatie en juillet 2013.
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