Afriquinfos
Pour tuer le temps, des détenus essaient de délester les honnêtes gens de quelques unités téléphoniques Stéphane est monteur. Il est à Bujumbura pour travailler sur un documentaire retraçant la vie du père de l'indépendance burundaise. Ce Français découvre pour la première fois l’Afrique. Avec des amis, il déguste un poisson du lac Tanganyika lorsque, soudain, son téléphone sonne. Un appel très bref, juste le temps que le numéro s'affiche.
Stéphane rappelle :
« Allô ! C'est Claude ! », lui répond, dans un mauvais français, une voix inconnue à l’autre bout.
« Quel Claude? A qui veux-tu parler ? »
« A toi pardi ! Écoute, je suis à Bugarama et je viens d'avoir un accident grave… »
Stéphane se tourne alors vers ses amis burundais qui l'observent :
« C'est quelqu'un qui m’appelle à son secours... »
L'assistance s'esclaffe et lui demande de raccrocher.
« Tu viens de manquer de te faire arnaquer », lui lance, en rigolant, Jean-Marie.
On entreprend d'expliquer à l'hôte les subtilités de ces appels qui arrivent tout droit – c’est de notoriété publique - de Mpimba, le plus important centre pénitentiaire du Burundi.
Dès que tu as reçu l'appel de contact, on t'informe donc qu'il y a un grave accident quelque part à l'intérieur du pays. La « personne en détresse » te supplie d'appeler tel docteur travaillant à Bujumbura pour qu'il puisse se rendre illico sur les lieux du drame. Le « praticien » contacté te fait savoir quant à lui qu'il se rend dare-dare en salle d'urgence, et te prie d'annoncer à la victime qu'il ne pourra pas se déplacer dans l'immédiat.
La victime supposée finit alors par demander à son interlocuteur de lui transférer 1000 Fbu (moins de un dollar) afin qu'elle puisse rappeler ultérieurement le docteur. Si le gogo marche, il gagne dans l’opération 1000 Fbu.
Stéphane n'en croit pas ses oreilles : « Tout cela pour moins d'un dollar ? Comment font-ils pour connaître le numéro de leur proie ? » Difficile de répondre à une telle question. Sans doute composent-ils les numéros par hasard. A moins qu’ils n’aient des complices au sein des compagnies de téléphonie cellulaire ? Le phénomène se généralise à un tel point que la police met régulièrement en garde les usagers sur les risques d'une arnaque.
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