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Des années de conflits ethniques ont poussé un grand nombre de Burundais à fuir leur patrie pour s’installer dans des pays voisins. Pour ceux qui reviennent, le retour est souvent décevant. Quelque 150.000 déplacés internes vivent aujourd’hui dans des zones d’installation au Burundi. La plupart d’entre eux mènent une vie de misère.
Marie-Claire Ndikumana, Bujumbura
"La situation dans laquelle nous sommes nous pousse à rentrer en Tanzanie d’où nous avons été rapatriés", dit Vital Nzokirantevye, un des Burundais revenus de la Tanzanie en 2008. Il a fui son pays en 1972. Au bout d’une trentaine d’années d’exil, il a pensé à sa patrie et a eu le courage de rentrer. Mais à son arrivée, la réalité était tout autre. "Quand on était en Tanzanie, on nous disait qu’on allait retrouver nos terres au Burundi. Malheureusement, nous assistons aux conflits fonciers tous les jours. Parmi nous se trouvent des sans-abri", précise-t-il.
Villages de paix
Plus de 500.000 Burundais ont été rapatriés depuis l’année 2002 et sont éparpillés, certains dans les villages de paix et d’autres dans leur communauté d’origine. Mais la plupart d’entre eux sont confrontés aux problèmes dénoncés par les déplacés du village de paix de Mutambara dans la région de Rumonge, à 70 km de Bujumbura. Un village de paix ayant déjà accueilli plus de 600 ménages rapatriés au Burundi et dont le nombre ne cesse d’augmenter.
A Mutambara, le problème n’est pas seulement le logement. Ruth Nkeshimana est mère de trois enfants, dont un nourrisson. Elle évoque le problème de nourriture : "Nous vivons dans la misère. Nous n’avons rien. Si nous mangeons aujourd’hui, nous ne sommes pas sûr d’avoir cette grâce demain."
Aide aux rapatriés
Le Programme d’Aide au Rapatriement et à la Réintégration des sinistrés au Burundi (PARESI) assure une assistance urgente aux rapatriés. Le coordonnateur du PARESI, Fabien Yamuremye, rappelle que ces "centres d’hébergement temporaires ont été créés pour éviter que les réfugiés sans référence passent la nuit à la belle étoile. Ces villages de paix ont été construits dans plusieurs provinces du Burundi".
L’assistance assurée par le PARESI, un programme du ministère burundais de la Solidarité, dure au maximum six mois. Un mois dans le centre de transit pour permettre à certains rapatriés de se retrouver et surtout d’avoir tous les documents administratifs à leur disposition. Et puis l’assistance des cinq mois restants, qu’ils obtiennent dès leur arrivée dans les différentes communes à travers les paroisses. Le suivi dans leur réintégration est également assuré par le PARESI.
Les chiffres récents signalent une légère augmentation de Burundais rapatriés au cours des années 2010 et 2011. Rien que pour l’année 2012, on estime le nombre de refugiés revenant de la Tanzanie au Burundi à 100.000. Se pose la question de savoir comment suivre de près la réintégration de tous ces hommes, femmes et enfants qui veulent retrouver leur patrie.
Challenge pour 2012
"Six mois ne sont pas suffisants et ne sont pas peu non plus. C’est juste un appui d’assistance pour permettre aux rapatriés de redémarrer la vie et de vivre comme les autres", déclare le coordonnateur du PARESI. Selon Fabien Yamuremye, la réintégration des rapatriés et la protection des déplacés seraient aussi obstruées par la situation économique et sociopolitique du pays. "Dans tout cela, ceux qui ont le plus de problèmes sont les réfugiés de longue date. Il s’agit de ceux qui ont fui depuis 1972. Ils sont sans référence et sont confrontés aux litiges fonciers. Ils trouvent leurs terres déjà occupées soit par d’autres individus soit par les structures de l’Etat."
De son côté, le HCR BURUNDI (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés au Burundi) prévoit pour cette année 2012, la réintégration d’environ 38.500 rapatriés, notamment celle des personnes qui ont regagné le pays en 2010 et en 2011 et qui n’ont pas encore reçu d’aide. Et face au problème d’accès aux terres pour les rapatriés, le HCR propose de distribuer des kits de construction à condition que les autorités burundaises trouvent des terrains disponibles et les allouent à des rapatriés.
Entretemps, les rapatriés de Mutambara attendent avec impatience une amélioration de leur situation. Emmanuel Nkeshimana, revenu de la Tanzanie, juge cette situation insupportable. "Nous pensions quitter la souffrance de l’exil mais nous continuons de la vivre même dans notre pays", déplore-t-il.
Ngenzirabona
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