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Pierre Nkurunziza |
Pierre Nkurunziza lance un programme de plantation d’arbres fruitiers, visite les militants de son parti au moment où des collines de Bujumbura rural sont en deuil. Aucune parole d’apaisement. Beaucoup se demandent si le Président est au courant de la tragédie. Si oui, c’est grave. Sinon, que font ses conseillers ?
Dans la soirée du lundi 28 mars, à Rweza, dans la commune de Kanyosha(Bujumbura rural), à quelques encablures du quartier huppé de Kiriri, trois membres du parti FNL sont froidement assassinés par un commando. Le 2 avril à Benga, dans la commune d’Isare, limitrophe de Kanyosha, trois membres du parti Cndd-Fdd sont liquidés. Puis, le 6 avril, à Nyakibande, zone Nyambuye, de la même commune, trois autres membres du même parti subissent le même sort….en plein jour ! Les fidèles d’Agathon Rwasa sont pointés du doigt. Des habitants, y compris le chef de zone, jugent prudent de vider les lieux. D’autres, plus naïfs peut-être, croiront que le décompte macabre est enfin soldé.
Enièmes massacres Dans la soirée du vendredi 15 avril, toujours à Nyambuye, c’est de nouveau le cauchemar pour la population locale. Trois membres du parti FNL sont froidement tués. La nuit suivante, trois membres du parti présidentiel « payeront ». La même nuit, à Gisovu, la commune de Kanyosha, est le théâtre d’un double meurtre. Une jeune fille membre du Cndd-Fdd et un jeune homme, membre du parti FNL, sont assassinés à deux heures d’intervalle ! Le cycle de violence n’en finit pas.
Cris de détresse La population, des familles éplorées, toutes tendances politiques confondues, un sentiment de révolte unanime : « Sauvez-nous ! On va nous exterminer tous. Faut-il croire que l’on a décidé de laisser Bujumbura rural à son triste sort ?», lance, dans un cri de détresse, une femme qui vient de perdre son mari et son fils. Même élan d’indignation chez le chef de zone Nyambuye : « Faut-il continuer à dire qu’il n’y a pas de guerre alors que des gens continuent à mourir ? S’il en est ainsi ; d’où viendra alors le secours ? »
Gitaza, Ngagara, d’autres priorités Au sud de Bujumbura rural, à Gitaza, dans la commune de Muhuta, sur la rive du Lac Tanganyika, par une belle matinée du 16 avril, le numéro un burundais lance un programme qui lui est cher : la plantation d’arbres fruitiers pour la bagatelle somme de 500 millions de FBU. Pas un seul mot sur la tragédie qui s’abat sur la province. N’en déplaise à la population qui aurait sûrement aimé entendre un message d’apaisement de son président. Après Gitaza, cap sur Ngagara, dans la capitale. Là le chef de l’Etat est accueilli par le Président de l’Assemblée Nationale. La priorité est aux travaux communautaires : « Ce sont les travaux communautaires qui permettront de développer votre parti et le pays », lance Sebarundi (Le père de la nation) sous les applaudissements nourris des militants du parti présidentiel. Là non plus, pas un traître mot sur la violence qui déchire les collines parfois à moins de deux kilomètres du palais présidentiel.
Déconnectés ? Un chef d’Etat est normalement bien entouré. Il a, entre autres, des conseillers politiques, des conseillers chargés de la sécurité, des conseillers en communication, etc. Histoire de ne pas être déconnecté des réalités du pays. Cette équipe est à l’affût de toutes les occasions pour que le chef montre son attachement pour son peuple. Surtout quand la tragédie frappe. Le déplacement à Gitaza et Ngagara, deux localités pas très éloignées des lieux du drame, avait quelque chose d’indécent. En tout cas de déplacé. Question : la faute aux conseillers ou à celui qui doit savoir se laisser conseiller ? Ou mieux choisir ses conseillers. Cette matinée-là, la place du père de la nation devait être sur les collines en deuil et pas au milieu de militants en liesse. Fussent-ils de son parti. |
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