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11 janvier 2011

Droits de l'homme: le Burundi marque un pas en avant



iwacu-burundi.org
INzirorera
       Mme Nzirorera dirige le CNDHPG depuis trois ans. ©Iwacu
La loi portant création de la Commission Nationale Indépendante des Droits de l'Homme (CNIDH) a été adoptée par l'Assemblée Nationale en décembre dernier. Figure parmi les attributions de cette commission, la promotion des droits de l'homme. Or, il existe depuis 1992 un Centre pour la Promotion des Droits de l'Homme et la Prévention du Génocide (CPDHPG). Imelda Nzirorera directrice de ce centre, fait part des espoirs qu'elle place dans la nouvelle commission.
Etes-vous satisfaite  du pas déjà franchi par le centre que vous dirigez dans l'exécution de ses missions?
Nous nous en réjouissons. Suite aux formations qu'organise le centre depuis sa création, les Burundais sont de plus en plus conscients de leurs droits. Ils revendiquent leur protection et réagissent à leur violation. En vue de vulgariser les instruments sur les droits de l’homme, le centre a déjà mis en place une bibliothèque. Elle est située dans les ancêtres du centre, au sein de l’immeuble Makelele House au quartier asiatique. Elle est ouverte au public tous les jours ouvrables de 7h30 à 15h30.

Et quel genre de documentation offre-t-elle?
On y trouve des textes juridiques nationaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme. Dans la même optique, des messages en rapport avec les droits de l’homme sont véhiculés dans tout le pays via des calendriers, brochures et autres outils élaborés par le centre. Une émission en rapport avec les droits de l'homme passe à la radio nationale tous les samedis entre 16h et 16h30. Des antennes relais du centre existent dans les provinces Bubanza, Kirundo, Muramvya et Mwaro. Elles nous donnent mensuellement des rapports sur la situation des droits de l'homme dans ces provinces.

Quel sera à votre avis l'apport de la CNIDH en matière des droits de l'homme au Burundi?
Son apport sera très important. Alors que le centre que nous dirigeons n'assure que la promotion des droits de l'homme, la commission en garantie également la protection. Elle recevra ainsi des plaintes et enquêtera sur les cas de violation des droits de l'homme. Elle effectuera des visites inopinées dans les lieux de détention: elle pourra adresser aux autorités compétentes des recommandations visant à améliorer la situation des détenus. Elle saisira le ministère Public des cas de violation des droits de l'homme. En cas de besoin, la commission facilitera l'accès des victimes à la justice. Et si le centre que nous dirigeons est sous tutelle du ministère des Droits de l'Homme, la commission, elle, sera indépendante. Elle adressera directement les rapports annuels de toutes ses activités à l'ONU.

Quels sont les obstacles rencontrés par le centre au cours de sa mission?
Le centre bénéficiait d'un appui financier de l'UNICEF, de la Coopération française, de la Coopération allemande, de l'Institut Scandinave d'Etudes Africaines ou UPPSALA (Suède), de la Fondation Friedrich Neumann, du Centre pour les Droits de l'Homme de Genève et d'International Alert. Mais depuis 2005, ces bailleurs ne nous soutiennent plus et le centre souffre d'une insuffisanc e de moyens de fonctionnement. L'argument avancé est que les fonds dont bénéficiait le centre étaient affectés au processus électoral. Or, l'Etat n'octroie au centre qu'un budget de 50 millions de Fbu par an. Il est minime compte tenu des missions du centre. Les conséquences sont fâcheuses : nos antennes de Bubanza, Kirundo, Muramvya et Mwaro  ont fermé leurs portes ; les activités que le centre menait à Kirundo ont été déplacées vers la province de Cibitoke, la plus proche de Bujumbura. Aujourd'hui, nos efforts ne s'étendent que sur la capitale. Le conseil d'administration ne se réunit plus faute de jetons de présence. N'étant pas bien payés, les travailleurs ne restent pas longtemps au centre. Ce qui fait qu'il demeure en perpétuel recrutement.

Une fois mise en place, la commission ne sera-t-elle pas confrontée aux mêmes difficultés?
Absolument pas. En plus du budget qui lui sera accordé par l'Etat, elle aura beaucoup d'opportunités de financements extérieurs. Les commissions homologues du Rwanda, de l'Ouganda et du Kenya bénéficient d'un grand soutien des Nations Unies. Ces dernières soutiendront sans doute la commission burundaise.

Le centre que vous dirigez ne risque-t-il  pas de disparaître avec la naissance de la commission ?Nous sommes sans crainte. Le centre va plutôt collaborer étroitement avec la commission. Nous continuerons les formations et la vulgarisation des instruments relatifs aux droits de l'homme. La commission siégera quant à elle au comité des droits de l'homme de l'ONU. Vu l'effectif des membres de la commission, je suis convaincue qu'elle fera recours au centre pour certaines tâches.

Que revendiquez-vous en tant que directrice du Centre pour la Promotion des Droits de l'Homme et la Prévention du Génocide ?Le gouvernement devrait revoir à la hausse le budget du centre. C'est le seul moyen de l'aider à réussir sa mission.
C.R.@2011

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