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Mgr Joachim Ruhuna |
Le 9 septembre 2010, 14 ans jour pour jour se seront écoulés après l’ignoble assassinat d’un des dignitaires qui aura le plus marqué de son sceau l’Eglise catholique burundaise, Mgr Joachim Ruhuna.
Le Lundi 9 septembre 1996, l’ancien archevêque de Gitega rentrait d’une visite apostolique du grand séminaire de Burasira, lorsqu’au sortir de la paroisse de Gitongo où il venait de faire une brève escale, son véhicule fut assailli par un groupe de rebelles qui firent feu en sa direction. Le prélat succomba tout de suite à ses blessures, et son corps ne sera découvert qu’une dizaine de jours plus tard enfoui dans une fosse commune avec les trois autres victimes de cette embuscade.
Pr.Audace Kiganahe |
Les enquêteurs mettront en cause, entre autre, Cyrille Kamana, à l’époque diacre stagiaire à cette paroisse, mais le successeur de Mgr Ruhuna mettra tout son talent et toutes ses énergies pour le soustraire, et des investigations et de la justice. Il réussira près de cinq ans plus tard, et l’ancien diacre sera libéré comme « combattant en armes » (sic !!!), une terminologie bien curieuse contenue dans une ordonnance ministérielle signée par le Pr Didace Kiganahe.
Et lorsqu’un monument sera érigé à quelques centaines de mètres de la cathédrale Christ Roi où il repose, son successeur - encore lui - se fera tirer les oreilles pour aller présider la masse programmée pour présider les cérémonies d’inauguration. Celles-ci seront organisées en son absence ainsi que celle de son collègue de Ruyigi, mais en présence fort remarquée de l’ancien nonce apostolique, le regretté Mgr Michel Courtney.
Officiellement, l’actuel Archevêque de Gitega justifiera son absence par son refus du culte de la personnalité, alors qu’il savait parfaitement que cette expression n’est valable que pour les personnalités encore en vie.
La preuve que les dignitaires ecclésiastiques qui boycottèrent les cérémonies d’inauguration l’ont fait pour des raisons ethniques, c’est que tous nos Evêques sans exception se retrouvèrent à Minago tout près de Rumonge, pour inaugurer une stèle en souvenir de Mgr Courtney, assassiné au même endroit alors qu’il revenait du diocèse de Bururi. Comme l’ancien ambassadeur du Vatican n’était ni Hutu ni Tutsi, ceci explique sans doute cela.
Rappel: Enlèvement d'un haut dignitaire de l’église catholique du Burundi
Trente minutes après, la première colonne des rebelles armés jusqu'aux dents est apparue. Voilà les rebelles ! chuchotent les habitants de cette zone Mitakataka, pas très surpris visiblement de voir ces combattants. Vers 10 heures, une civière sur laquelle les rebelles transportaient l'Evêque de Ruyigi arrive. Les rebelles cette fois-ci armés de mitrailleuses et lance-roquettes prennent position de part et d'autre de la route principale. Tous les axes étaient bloqués ! C'est le temps que les rebelles accordent au prélat pour enfiler son costume noir apparament froissé avec un chapeau noir. Il était très fatigué. Petit à petit , il avance vers la délégation conduite par le Nonce apostolique abrité sous un arbre. Le soleil était très accablant. Il était entouré au moins par cinq rebelles armés de lance-roquettes et mitrailleuses. Le chef rebelle, chef de cette opération se présente après bien entendu un salut militaire impeccable devant le Nonce " Je m'appelle Major Manassé Nzobonimpa, commandant de la région Ouest ". Le Nonce ainsi que l'Evêque de Bubanza ont chaleureusement embrassé le prélat de Ruyigi, ce fût un petit moment d'émotion ! Sans tarder, son principal agent de transmission, un jeune garçon très élancé et de teint clair, pistolet à la main avec un portable fonctionnant à l'aide des piles sèches sur sa poitrine donne au Major deux papiers quadrillés sur lesquels étaient écris le discours de circonstance. Un autre rebelle tenait fermement un parapluie pour protéger l'Evêque de Ruyigi ainsi que le major Manassé contre le soleil. Ainsi le major commence son discours avec assurance : " Le CNDD-FDD porte à la connaissance de la communauté nationale et internationale qu'il vient de procéder à la disposition des responsables de l'Eglise catholique en général et au Nonce apostolique en particulier son Excellence Monseigneur Joseph Nduhirubusa, Evêque du Diocèse de Ruyigi ainsi que son chauffeur Monsieur Ndakoraniwe Gilbert. ". Le Major rebelle a continué son discours en expliquant les circonstances dans lesquelles le Prélat a été enlevé. En conclusion , il a demandé à l'Eglise catholique de s'investir dans la recherche de la paix au Burundi. L'Evêque de Ruyigi a pour sa part déclaré :" Je suis content de retourner parmi les miens et de continuer mon travail et de reprendre le travail dans mon diocèse ". L'Evêque de Ruyigi estime pour sa part qu'il faut que les rebelles expriment leurs objectifs afin que les autres les saisissent et que peut être dans le processus de négociation ,ils puissent y être appelés. Ainsi déclare-t-il " Comme vous l'avez entendu ils veulent qu'il y ait une rencontre avec de vrais belligérants pour qu'ils puissent dialoguer et arriver à une cessation des hostilités ". Aussitôt le chapitre des discours terminé, les rebelles ont accompagné tous les administratifs et religieux présents jusque dans leurs voitures garées tout près de la route. Après échange de poignées d'adieu, les religieux ainsi que les administratifs conduits par le gouverneur de Bubanza Gilbert Kayonde se sont engouffrés rapidement dans les voitures. Et les rebelles en toute tranquillité ont regagné la forêt. La route a été libérée vers 11 heures. Rappelons que l'Evêque de Ruyigi Joseph Nduhirubusa avait été enlevé avec son chauffeur samedi dernier à Bukeye en province de Muramvya. Deux gendarmes qui assuraient sa sécurité ont été tués. Au mois de février dernier, Nduhirubusa avait échappé à une embuscade entre les provinces de Gitega et Ruyigi. |
Admin@2010
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