AFP
Le boycott annoncé des élections présidentielles du 28 juin par l'opposition burundaise, mécontente du résultat des municipales, met à mal un processus électoral censé consolider la paix à peine retrouvée après 13 ans de guerre civile.
Cinq candidats de l'opposition, dont le chef de l'ex-rébellion des Forces nationales de libération (FNL) Agathon Rwasa, se sont retirés mardi de la course à l'élection présidentielle du 28 juin au Burundi, qu'ils estiment par avance "truquée".
Cette annonce a fait suite aux accusations de "fraudes massives" qui ont, selon l'opposition, entaché les communales du 24 mai, avec une présidentielle le 28 juin et des législatives un mois plus tard.
Outre M. Rwasa, l'ancien président Domitien Ndayizeye, candidat du principal parti d'opposition parlementaire Frodebu, Alexis Sinduhije, ex-journaliste et président d'un jeune parti, le MSD, Pascaline Kampayano, candidate d'une dissidence du parti présidentiel, l'UPD, et Léonard Nyangoma, chef historique de la rébellion hutu, se sont désistés.
Regroupés au sein d'une nouvelle coalition, l'Alliance démocratique pour le changement au Burundi (ADR), ces partis ont réaffirmé avec force jeudi leur retrait du processus électoral, malgré les appels de la communauté internationale.
Dans une déclaration commune, le représentant de l'Onu, ainsi que les principaux ambassadeurs présents au Burundi (Allemagne, Belgique, France, USA, Union européenne, Russie, Afrique du sud) ont "invité" les cinq candidats à "reconsidérer" leur décision.
Ils ont "rappelé que les observateurs tant internationaux que nationaux (...) ont porté une appréciation globalement positive quant au déroulement du scrutin communal", tant contesté par l'opposition.
"Les partis d'opposition doivent revenir rapidement à la raison", a commenté à l'AFP un diplomate, sous couvert d'anonymat. "C'est irréaliste et irresponsable de croire que les communales puissent être annulées", a estimé cette source, déplorant "une fuite en avant qui ne peut que conduire dans une impasse".
"Il n'y a pas eu de fraudes massives, mais des irrégularités, évidemment regrettables, que l'opposition tente aujourd'hui d'utiliser pour décrédibiliser tout le processus", affirme une source onusienne.
"Mauvaise perdante, l'opposition a sous-estimé l'influence du parti au pouvoir (CNDD-FDD) en province, qui a fait une campagne de terrain très efficace, avec beaucoup de moyens", parfois même ceux de l'Etat, analyse la même source.
"C'est un jeu dangereux, qui risque de radicaliser l'opinion et certains militants, avec la menace d'un CNDD-FDD au pouvoir qui se crispe et réagit trop vigoureusement".
Une vingtaine de cadres et militants de l'opposition sont ainsi détenus depuis une semaine après de premières violences post-électorales à Bujumbura et dans plusieurs provinces, selon des sources concordantes.
Et les ministres de la Sécurité publique et de la Défense ont clairement "mis en garde" contre "toute perturbation de la sécurité et de l'ordre public", évoquant des tentatives de "déstabilisation en cours de préparation".
"Le pouvoir burundais, qui a le beau rôle jusqu'ici, doit éviter de retomber dans son travers du tout répressif. Cela pourrait se retourner contre lui", ajoute le diplomate déjà cité.
Seuls deux candidats restent en lice actuellement pour la présidentielle: le chef de l'Etat sortant Pierre Nkurunziza, désormais ultra favori, et le candidat du principal parti tutsi Uprona, Yves Sahinguvu.
L'Uprona, qui a exigé à son tour l'annulation des communales doit annoncer vendredi si son candidat se retire.
"Si l'Uprona reste en course, le processus électoral peut être sauvé. Sinon, ce sera un un terrible gâchis", pronostique le diplomate, estimant que "le Burundi sera alors entré dans une nouvelle période d'incertitude".
Admin@2010
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire