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21 mai 2010

Burundi: campagne présidentielle pour élections communales

De François AUSSEILL (AFP)
BUJUMBURA — Sur la Route nationale 5, filant depuis Bujumbura vers le nord, une sono embarquée dans une camionnette crache un reggae à la gloire du parti au pouvoir. Plus loin dans le convoi, le président Pierre Nkurunziza est sorti de son 4X4 pour saluer une foule dansante.
Avant les élections communales au Burundi, premier d'une longue série de scrutins avec en points d'orgue la présidentielle du 28 juin et les législatives du 23 juillet, les poids-lourds de la politique burundaise sillonnent le territoire, au son des traditionnels tambours du Burundi.
De la capitale aux collines les plus reculées, des drapeaux aux couleurs des partis hérissent le paysage: le pays vibre pour ces élections à risque, venant conclure une transition politique consécutive à une guerre civile (1993-2006) particulièrement meurtrière (300.000 morts).
Ce jour-là, la caravane du président Nkurunziza, officiellement en déplacement en tant que cadre du parti, pose ses décibels à Rugombo, centre économique de la province de Cibitoke, à quelques encablures de la frontière rwandaise.
Des milliers de villageois se pressent autour du cordon de sécurité tenu à la fois par des militaires lourdement armés et la ligue des jeunes, les Imbonerakure ("Ceux qui voient de loin") du parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD).
Une tente de 100 mètres de long abrite du soleil, puis de la pluie, les dignitaires locaux, de part et d'autre de la tribune présidentielle où trône dans un canapé moelleux le candidat Nkurunziza, polo et casquette aux couleurs blanche et rouge du parti, tennis dernier cri aux pieds.
Tambours surpuissants, chorale du président et groupes de danse se succèdent, ponctués par les chansons du parti répétant à l'envi "CN-euh dédé, F-euh dédé"...
Un camion-podium s'avance devant la foule, équipé d'une sono. Pierre Nkurunziza empoigne le micro, harangue la foule dans un discours mi-programme électoral, mi-prêche et martèle son mot d'ordre: "Travaillez, priez! Priez, travaillez!".

"On va gagner cette fois-ci. Et si vous le voulez, en 2015 et en 2020", lance-t-il avant d'ajouter: "Mais si vous trouvez quelqu'un meilleur que moi, choisissez-le et je partirai".

Le discours est entrecoupé de chansons. Le président sautille, agitant ses bras en rythme, imité par la foule. "Il aime danser ce président", glisse un observateur des élections pour l'Union européenne.
Le président clôt le meeting par une nouvelle prière peu après avoir distribué six motos neuves aux cadres locaux du parti pour leur "bon travail" dans ce bastion traditionnel des Forces nationales de libération (FNL), ex-rébellion hutu qui a déposé les armes courant 2009 et fait figure de très sérieux adversaire pour le pouvoir.
Leur leader Agathon Rwasa multiplie lui-aussi les meetings. Les moyens sont plus modestes, le logo du parti aussi: à l'aigle impérial du CNDD-FDD, les FNL ont répondu par un photo-montage où leur chef, installé dans une barque, emmène en ramant le Burundi vers le développement...
A Nyanza-Lac, à la pointe sud-ouest du pays, près de la frontière avec la Tanzanie, Agathon Rwasa prononce un discours en quatrième vitesse devant plusieurs centaines de partisans. Il enchaîne son troisième meeting de la journée. Il est bientôt 18H00, l'heure officielle de la fermeture de la campagne.

"Nous en avons assez. Nous allons chasser les vautours", lance avec confiance un partisan FNL, Achel, tailleur de 33 ans, en référence aux "politiciens corrompus".

Sur la route conduisant à son hôtel, des centaines de badauds éclairés par un clair de lune sur le lac Tanganyika saluent Agathon Rwasa au passage de son convoi aux cris de "Rwasa, Obama!"


Admin@2010

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