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11 novembre 2009

Vrais coupables ou non?

Sept mois jour pour jour après l’assassinat d’Ernest Manirumva, la troisième commission mise en place pour tenter de faire la lumière sur ce meurtre politique, dans laquelle l’opinion avait placé beaucoup d’espoir, commence elle aussi à susciter des doutes et interrogations. Aussitôt désignés, les nouveaux membres avaient interpellé et envoyé en prison un homme d’affaires très controversé et sans scrupule, l’ancien sous-officier, Hilaire Ndayizamba. En s’en prenant à un tel poids lourd proche du parti au pouvoir, la commission s’était montrée différente des deux précédentes, dont la première avait poussé le ridicule jusqu’à faire incarcérer un obscur serveur de bistrot le lendemain de l’assassinat de l’ancien vice-président de l’Olucome.

Le motif de son arrestation était que c’était lui qui avait servi le dernier verre à Manirumva au bistrot de Mutanga-Sud dit « Chez Juge Rouge » où il avait l’habitude de prendre son verre le soir en compagnie de ses amis et voisins. Les membres de cette commission cherchaient à distraire l’opinion en faisant croire que ce petit garçon, à peine âgé de 19 ans, figurait parmi ses meurtriers.

Mais en focalisant actuellement toutes leurs énergies et leur attention sur le seul Hilaire Ndayizamba, les membres de la 3ème commission, beaucoup plus malins que ceux de la première et de la seconde, veulent faire concentrer l’attention des médias et de l’opinion sur un individu, certes pas un type quelconque comme le petit serveur de « Chez Juge Rouge », mais qui pourrait même ne pas être au cœur de l’assassinat d’Ernest Manirumva. C’est ce qu’a essayé de démontrer Me Isidore Rufyikiri, l’avocat de M. Ndayizamba, qui a reconnu que son client a échangé des coups de téléphone avec le supplicié de la nuit du 9 avril 2009, mais parmi tant d’autres qui ont également eu des entretiens téléphoniques avec lui. D’autre part, s’est interrogé Me Rufyikiri, comment expliquer qu’un homme qui s’apprêterait à faire assassiner quelqu’un l’appelle au téléphone ? Serait-ce pour l’informer qu’il va le faire éliminer ? Bref, comme le craignent les organisations de la société civile, l’intention du pouvoir serait de brouiller les pistes avec l’arrestation d’Hilaire Ndayizamba, d’autant plus que sa famille redoute sa possible élimination physique de telle manière que la vérité sur le meurtre d’Ernest Manirumva soit enfouie sous terre ad vitam aeternam.

Ngenzirabona@2009

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