Bulletin du MSD BURUNDI
Movement for Solidarity and Democracy - Burundi« Quand l’abus de pouvoir devient une habitude au point de commettre un crime », voilà la triste réalité qui caractérise certaines des plus hautes autorités de ce pays. les mémoires sont encore fraiches du cas de feu Salvator NSABIRIHO, citoyen de Kayanza mort jeudi dernier des suites de coups et blessures reçus.
Le 13 octobre, M. NSABIRIHO est convoqué au bureau du gouverneur de Kayanza, S. NDUWIMANA, où il sera interrogé sur sa maison en chantier non loin des bureaux de la province.
La discussion s’envenime suite menaces du gouverneur qui réclame de force, pistolet à la main, les titres de propriété de ladite parcelle de M. NSABIRIHO. Le pauvre malheureux sera ensuite attrapé par la garde du gouverneur NDUWIMANA, alors qu’il tentait d’échapper à ces menaces. Sous les ordres du même gouverneur, les policiers de sa garde passeront à tabac M. NSABIRIHO sur la place publique. Il sera ensuite transporté d’urgence à l’hôpital de Kayanza avant d’être transféré à Bujumbura suite à des complications dues aux coups reçus.
La suite, on s’en souvient, M. NSABIRIHO n’a pas survécu aux coups de ses tortionnaires. S. NDUWIMANA n’est pas le premier gouverneur à commettre un tel forfait.
L’année dernière, le gouverneur de Gitega, Selemani MOSSI, a ordonné bastonnades contre des agents de la COOPEC qui rentraient d’une mission à Ruyigi. Un ordre qui sera exécuté par des policiers laissant plusieurs blessés parmi les agents de la COOPEC. Silence total de la justice qui ne s’est jamais saisie de l’affaire, silence également de l’autorité supérieure du gouverneur incriminé.
A Kayogoro, dans la province Makamba, en mai dernier, c’est l’administrateur qui va s’illustrer en ordonnant aux policiers d’ouvrir le feu sur des élèves scouts en camping. Un jeune élève est tué et deux autres blessés. Après maintes pressions des familles, de la société civile et des médias, le parquet de Makamba et le parquet général finiront par arrêter l’administrateur et le chef de poste de police Kayogoro, ce dernier ayant déjà tenté de fuir le pays sous la complicité de certaines autorités.
De tels crimes commis au grand jour et devant témoins, sont malheureusement ceux qui restent impunis. Depuis le passage à tabac de M. NSABIRIHO, il y a près d’un mois, le parquet général saisi par la victime avant son décès n’a toujours pas réagi. Cette impunité pour des faits aussi flagrants laisse craindre de nouveau un déni de justice par ceux-là même qui sont chargés de faire respecter la loi. Le silence du Ministère de l’Intérieur, ne sonne-t-il pas comme une sorte de complicité envers le gouverneur de Kayanza ! C’est à se demander si les personnes qui sont nommées à de si hautes fonctions, l’ont été après une réflexion de l’autorité investie du pouvoir de nomination.
A se demander également si les détenteurs du pouvoir actuels ont encore besoin du suffrage de la population ! Car cette population aujourd’hui malmenée ne sera pas dupe le moment venu. Ces autorités qui se comportent en despotes dans des provinces où elles sont sensées être l’œil et l’oreille du pouvoir central, récolteront ce qu’elles auront semé : désapprobation via l’isoloir et l’urne. Même si leur parti les replace sur la liste, leurs forfaits ne vont pas manquer de déteindre sur l’image de l’autorité suprême.
C’est donc ici, la plus haute autorité de la République qui est interpelée. Le Chef de l’Etat qui a lui-même nommé le gouverneur de Kayanza doit prendre acte de toutes ces accusations et réagir en père de la nation. C’est le moins que la population puisse attendre de lui, faute de quoi, silence risque de rimer avec caution.
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