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19 octobre 2017

Burundi:Droits Humains "Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle! "

Iwacu
Pour Pierre-Claver Mbonimpa, président de l’APRODH, en tournée de promotion de son livre « Rester debout » au Canada, la communauté burundaise de Toronto doit continuer à croire en un Burundi de paix et de justice. Il l’a rencontrée, en compagnie d’Antoine Kaburahe, directeur du Groupe de presse IWACU et auteur du livre, ce dimanche 8 octobre.

Pierre-Claver MBONIMPA  @ TORONTO 
« Si vous me voyez abandonner ma lutte, alors cessez aussi…La justice est le meilleur remède pour avoir un pays pacifique et panser les plaies de notre passé… » Tel est, en général, le discours de Pierre-Claver Mbonimpa, président de l’APRODH, aux quelques 200 personnes de la communauté burundaise de Toronto, dernière étape de leur tournée au Canada après Calgary, Montréal et Ottawa. Les deux personnalités ont animé la conférence-débat sur les solutions à apporter aux défis actuels de la paix au Burundi dans les enceintes de l’école élémentaire St Jean de Lalande.

En tenue verte des prisonniers burundais, Mutama a tenu à être solidaire avec eux car, a-t-il précisé, leur chiffre a dépassé le seuil des 10.000, selon les derniers rapports de son association.

Certains intervenants ont voulu savoir pourquoi l’action de M. Mbomimpa auprès de la Cour Pénale Internationale ne concerne que la période courant d’avril 2015, alors que le Burundi a connu d’autres périodes sanglantes. « C’est sur cette période que nous avons pu rassembler assez de preuves et de documents pour porter plainte », a-t-il expliqué.

D’après lui, s’il y a encore des personnes qui peuvent témoigner et apporter leurs preuves sur ces autres périodes, alors qu’ils le fassent. Car la vérité doit être connue, le silence doit être brisé et les coupables punis. C’est la seule chose qui pourra effacer les larmes de nombreux Burundais. « Dans tous les cas, il faut y croire et continuer à se battre pour la paix dans notre pays. Et certains signes sont optimistes », a-t-il souligné, sans donner plus de détails. « Attendez le prochain round du dialogue à Arusha, et ce qu’il en ressortira. »

Et Mutama n’exclut pas d’autres moyens pour retrouver la paix, si tous les autres échouent, quitte à utiliser la force.

« Rester debout ! »

« Alors que nous étions retirés dans la campagne suisse pour écrire ce livre, Mutama versait parfois des larmes à l’évocation de certains souvenirs. ‘Non, continuons, il faut rester debout’, répondait-il quand je lui proposais de nous arrêter. D’où le titre de ce livre », se souvient, avec émotion, Antoine Kaburahe. « On ne sort pas intact de ce livre car c’est une invitation à la résistance. Elle n’est pas seulement l’œuvre des journalistes ou de la société civile, mais de tout le monde. Résister à la peur, résister à la haine, résister à la stigmatisation », a souligné Antoine Kaburahe. Pour lui, c’est grâce à des témoignages comme celui de Pierre-Claver Mbonimpa qu’on peut espérer construire une société beaucoup plus juste. Il a reconnu que ce livre n’est pas exhaustif, comme l’a remarqué un des participants. Il a ainsi invité les autres à recueillir plus de témoignages.

Pour Emery Murengera, président de l’association de la communauté burundaise de Toronto, la conférence de Mutama et Kaburahe donne de l’espoir et inspire, si on sait ce qui est arrivé à M.Mbonimpa. « Je n’ai plus peur et je suis confiante, parce que Mutama reste lui aussi debout malgré ce qu’il a vécu. Nous devons nous dire la vérité pour construire notre pays », confie, enthousiaste Natacha, une jeune participante.

La conférence s’est terminée par un dîner et une petite réception dans une ambiance conviviale, plusieurs participants voulant serrer la main des deux personnalités et se faire photographier avec elles.

« Je me suis rendu compte que le Burundi reste présent dans le cœur de la diaspora, aussi éloignée soit-elle. C’est une communauté qui a soif de vérité et c’est très important parce que le blackout auquel on assiste aujourd’hui est source de manipulations politiques », a confié Antoine Kaburahe après la conférence. Pour lui, le livre de M. Mbonimpa vient éclairer un peu ce passé. Il a également souligné que deux projets de livre sont en cours, sans en dire plus.

Quant à Pierre-Claver Mbonimpa, il a remercié l’engagement, la fraternité et la chaleur qu’il a ressentis dans la communauté burundaise du Canada, ce qui lui donne de l’espoir. « Beaucoup de questions portaient sur les maux du passé, certaines interventions étaient des confessions. Les gens on soif de la vérité et doivent trouver des cadres pour en parler », a conseillé Mutama, à la fin de cette conférence.






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