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19 octobre 2017

Burundi : Qui croire entre l’Etat ou Rainbow Burundi Mining ?

IwacuLe gouvernement semble ne pas vouloir publier le contrat d’exploitation de terres rares de Gakara. La RBM affirme que cette convention est disponible sur son site web.

Après le refus, à peine voilé, du ministre de l’Energie et des Mines de publier le contrat d’exploitation de terres rares, la société Rainbow Burundi Mining a brisé son silence.

Elle a décidé de jouer la carte de la transparence pour faire taire les polémiques autour de ce dossier. «Après cinq ans d’exploration de terres rares, nous allons commencer l’exploitation lundi 6 septembre. Tout se fait dans la transparence. Il n’y a rien à cacher », déclare Gilbert Midende, directeur général de la compagnie minière RBM, lors de la conférence de presse animée vendredi 3 octobre.

«Notre société est enregistrée à la bourse de Londres », ajoute-t-il en brandissant toute une pile de feuilles. Cela, poursuit-il, exige de RBM d’être transparente. Cependant ce professeur de géologie s’oppose à toute publication incontrôlée: «Rainbow Burundi Mining ne peut pas aller dans la rue et distribuer cette convention à tout le monde», lâche Gilbert Midende.

Cet ancien recteur de l’Université du Burundi a renvoyé la presse sur le site web de Rainbow Burundi Mining. «Le contrat est accessible pour tout le monde».

Après vérification, le site de cette société a mis en ligne un document de 22 pages intitulé, « Convention d’exploitation minière sur les gisements des terres rares de Gakara » entre l’Etat burundais et la compagnie Rainbow International Resources Limited.

Ce spécialiste en géologie évoque également la loi minière burundaise en matière de publication. Selon lui, cette convention doit être publiée dans le Bulletin Officiel Burundais et sur le site du ministère de l’Energie et des Mines en vertu de l’article 88 du règlement minier.


Un autre grain de sel: «Le processus d’adhésion du Burundi à l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) a été bloqué», déplore le directeur général de Rainbow Burundi Mining.

Double langage ?

Et de rappeler que Côme Manirakiza, ministère de l’Energie et des Mines soutient que les terres rares de Gakara appartiennent à la population burundaise. «La convention entre le gouvernement du Burundi et la société Rainbow Burundi Mining est publique. Toute personne qui voudrait la consulter ou en faire la copie, est la bienvenue», assure le ministre Manirakiza.

Ce qui est surprenant, Leonidas Sindayigaya, porte-parole de ce ministère révèle que cette convention n’est pas à divulguer à tout le monde. «Ici comme ailleurs, pour ce genre de convention, il n’est pas permis qu’elle soit à la portée de tout le monde.»

Pour enfoncer le clou, ce porte-parole a avoué qu’il y a un article sur la réglementation du secteur minier stipulant que de telles conventions ne sont pas à mettre sur la place publique.

Après quelques jours, C. Manirakiza donne raison à son porte-parole en refusant de publier ce contrat : « Je peux pas vous donner ce contrat. Je ne sais pas ce vous voulez en faire», s’est-il défendu. « Pourquoi est-ce que vous vous acharnez sur ce contrat?», s’est inquiété le ministre de l’Energie et des Mines.

La publication de cette convention a été soulevée à l’Assemblée nationale. C’était lors de la présentation de la mise en application du programme du gouvernement dans le domaine social et économique du premier semestre par le deuxième vice-président, Joseph Butore.

C’est le député Agathon Rwasa, le premier vice-président de l’Assemblée nationale qui a mis en évidence les contradictions entre le ministre de l’Energie et des Mines et son porte-parole.

Ce leader de la coalition Amizero y’Abarundi suggérait au premier vice-président de la République de rappeler à la raison le ministre et son porte-parole. Car, explique-t-il, les minerais nous appartiennent à nous tous.
«Si les minerais appartiennent à tous les Burundais, où est le mal si tout le monde était au courant du contenu de cette convention ?», s’est interrogé cet acteur politique de l’opposition.


D’après Joseph Butore, l’exploitation minière n’est pas un secret. «Mais, on n’étale pas tout sur la place publique». Il promet que tout parlementaire qui le voudrait peut consulter le contenu de cette convention.

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