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9 janvier 2015

L'offensive contre les rebelles rwandais entachée de beaucoup de risques !

Digitalcongo
La difficulté qu'il y aura à aller débusquer ces rebelles, qui ont fini par prendre souche et dont la plupart passent pour être plutôt bien intégrés aux communautés locales, n’est pas à sous-estimer.

Les FDLR -- 1.500 à 2.000 combattants, disséminés dans les collines boisées de l'Est congolais, frontalier du Rwanda et du Burundi -- commettent depuis des années, en toute impunité, de graves exactions contre les civils congolais et se livrent à de nombreux trafics (or, charbon de bois...).

Même si elle n'a plus lancé d'attaque d'envergure contre le Rwanda depuis les années 2000, la milice est toujours considérée par Kigali comme la menace la plus grave pour la paix régionale, tandis que Kinshasa suspecte son voisin rwandais de ne pas souhaiter voir disparaître ladite menace, prétexte à une intervention armée en territoire congolais.

Dommages collatéraux
Même les soldats de la Brigade d'intervention de la Monusco - un corps de 3.000 hommes (Afrique du Sud, Tanzanie et Malawi) autorisé à utiliser la force de façon offensive pour permettre la neutralisation de la cinquantaine de groupes armés encore présents dans l'est de la RDC - ne sont pas chauds pour aller au combat, note l'expert régional, estime un officier occidental qui a requis l’anonymat, invoquant le risque élevé de dommages collatéraux compte tenu de la difficulté qu'il y aura à aller débusquer ces rebelles, qui ont fini par prendre souche et dont la plupart passent pour être plutôt bien intégrés aux communautés locales.

Le diplomate européen relève de son côté le risque de pertes élevées chez les Casques bleus, frein évident à l'offensive.

Se mêlent aussi des raisons politiques.
Officieusement, on sait très bien qu'on ne peut pas utiliser le bataillon tanzanien de la Brigade d'intervention contre les FDLR, note l'expert régional. La raison serait le différend qui oppose le président tanzanien Jakaya Kikwete à son homologue rwandais Paul Kagame, le premier ayant plaidé à plusieurs reprises pour que le second négocie avec les FDLR - un véritable affront pour Kigali, qui refuse d'en entendre parler.

La Monusco répète régulièrement qu'elle n'a pas vocation à se substituer à l’État congolais, ni l'intention d’aller seule au front. L'ONU a d'ailleurs annoncé lundi que, contre les FDLR, la Monusco interviendrait uniquement en appui à l'armée congolaise, qui devra jouer un rôle essentiel.

Mais pour l'heure on ne sent pas une volonté farouche des plus hautes autorités congolaises de passer à l'action, relève un expert régional.

Selon lui, l'offensive lancée lundi par l'armée contre des rebelles burundais dans l'est, s'ajoutant à celle ravivée récemment contre des rebelles ougandais un peu plus au nord, pourraient être avancées pour justifier l'impossibilité d'ouvrir un troisième front contre les miliciens rwandais.

Malgré les déclarations volontaristes de Kinshasa et de l'ONU, le déclenchement de l'offensive destinée à mettre hors d'état de nuire les rebelles hutus rwandais, dans l'est de la République démocratique du Congo, risque de devoir attendre encore plusieurs semaines, conclut-il.

L’on se rappellera par ailleurs qu’un ultimatum donnait jusqu'au 2 janvier aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) pour déposer les armes et se rendre. Or le gros des troupes de cette milice est resté dans la brousse.

Pour le gouvernement congolais, l'option militaire est devenue inévitable. Les préparatifs militaires de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) ont d'ores et déjà commencé, a assuré l'ONU lundi, en soulignant que la question des rebelles hutu rwandais, dont plusieurs dirigeants sont accusés d'avoir participé au génocide de 1994 au Rwanda (800.000 morts selon l'ONU), ne pouvait pas être résolue uniquement par des opérations militaires mais nécessitait une "stratégie globale".

Notant que les FDLR n'avaient pas complètement respecté, pour l'instant, les conditions imposées, le président sud-africain Jacob Zuma, dont le pays est particulièrement impliqué dans la résolution de la crise congolaise, a annoncé dimanche la tenue d'un sommet des chefs d’État d'Afrique centrale et australe, les 15 et 16 janvier à Luanda, pour passer en revue la situation  et décider des mesures appropriées.

Ce communiqué montre bien qu'il ne faut s'attendre à aucune action militaire avant la mi-janvier, note un expert régional sous couvert d'anonymat. 

Les FDLR - 1.500 à 2.000 combattants, disséminés dans les collines boisées de l'Est congolais, frontalier du Rwanda et du Burundi - commettent depuis des années, en toute impunité, de graves exactions contre les civils congolais et se livrent à de nombreux trafics (or, charbon de bois...).

Les FDLR, rebelles hutu rwandais enracinés en terre congolaise
Les FDLR, que l'ONU et Kinshasa disent vouloir neutraliser, sont des rebelles hutus opposés au président rwandais Paul Kagame, réfugiés en République démocratique du Congo (RDC) après le génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda. Plusieurs des dirigeants et combattants les plus anciens de ces FDLR - les "Forces démocratiques de libération du Rwanda" - sont recherchés par la justice internationale et rwandaise pour leur participation aux massacres du Rwanda (800.000 morts selon l'ONU), mais la majeure partie des miliciens sont plutôt jeunes, pour beaucoup nés au Congo après le génocide. 

L'effectif armé des FDLR tournerait autour de 1.500 à 2.000 hommes, soit deux à trois fois moins qu'il y a cinq ans.

Le mouvement a souffert de l'arrestation de ses deux principaux chefs en Allemagne en 2009, de la reddition de plusieurs de ses commandants militaires, des opérations de l'armée congolaise (récemment avec le soutien des Casques bleus déployés dans le pays), des combats avec d'autres milices en RDC, et du processus de désarmement et de réinsertion au Rwanda mis en place par l'ONU. 

Ses combattants sont aujourd'hui disséminés essentiellement entre les provinces congolaises du Nord- et Sud-Kivu, où ils sont régulièrement accusés de crimes de guerre, viols et pillages contre des civils.

Historiquement, les FDLR sont une émanation des anciennes Forces armées rwandaises (FAR) et des milices extrémistes Interahamwe ayant pris une part active au génocide de 1994 avant de fuir en RDC (à l'époque le Zaïre) après l'accession au pouvoir de M. Kagame, alors à la tête d'une rébellion tutsi. 

Chassés en 1996 par la nouvelle armée rwandaise des camps de réfugiés hutus qu'ils contrôlaient dans les Kivus, les génocidaires créent alors l'Armée pour la libération du Rwanda (Alir).

Celle-ci lance en 1997 des attaques meurtrières dans le nord-ouest du Rwanda, avant de s'allier en 1998 au gouvernement de Kinshasa contre les troupes de Kigali au début de la deuxième guerre du Congo (1998-2003).

En 2000, l'Alir change de nom pour devenir les FDLR à l'occasion de sa transformation en mouvement politico-militaire. L'année suivante, la dernière tentative sérieuse des rebelles de prendre le pouvoir à Kigali se solde par un cuisant échec. 

Les FDLR ont entamé fin mai un processus de désarmement dit volontaire mais, à la date butoir du 2 janvier qui leur avait été fixée pour le mener à terme, quelque 350 combattants seulement, pour la plupart jeunes et inexpérimentés, s'étaient rendus.

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