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31 décembre 2013

Burundi:Julien Nimubona, sur les propos du président du Cndd-Fdd;« Un discours qui veut effacer un sentiment d’échec »

Journal Iwacu
Alors que l’Assemblée nationale se penche sur le projet de révision de la Constitution ce lundi 30 décembre, le politologue Julien Nimubona analyse le discours de Pascal Nyabenda, président du parti Cndd-Fdd à Mutaho, sur quatre niveaux.

Pascal Nyabenda
Président du parti Cndd-Fdd
Pascal Nyabenda avait été catégorique : 
«Tout réside dans la Constitution qui nous régit en ce moment Comprenez-moi. Seuls les députés et les sénateurs votent les lois. »

Pour le Pr Nimubona, les propos de Pascal Nyabenda montrent premièrement que le parti au pouvoir a subi l’atelier au lieu de l’inspirer :
« L’atelier a surpris le parti au pouvoir par la tournure des événements. Quand un acteur politique ne conduit pas sa politique, il a peur.»

Par ailleurs, selon le politologue, le projet de loi sur l’amendement de la Constitution a été élaboré en catimini alors que la feuille de route de Kayanza avait initié un mouvement de consultations élargies.

De ce fait, le gouvernement n’aurait pas inscrit à son agenda ces échanges (atelier de Kigobe) : « Cette histoire d’échanges est venue à l’encontre d’une volonté initiale du parti au pouvoir. En fait, le Cndd-Fdd s’est fait attaquer sur son terrain », argumente Julien Nimubona. De plus, l’opposition, la société civile etc, ont opposé plutôt l’accord d’Arusha à la Constitution.

La deuxième signification du discours de Nyabenda est qu’un parti majoritaire au pouvoir préfère toujours l’approche institutionnelle plutôt que politique qui arrange les autres acteurs politiques. Cela signifie que seules les institutions légitimement mises en place sont les seules habilitées à décider politiquement et sur la révision des textes. « Démocratiquement, c’est la règle », précise Julien Nimubona. Ainsi, il y a opposition des deux approches.

Troisièmement, selon le politologue, il est évident que le Cndd-Fdd a un agenda pour les élections de 2015 : « Les propos de Nyabenda montrent l’angoisse d’un parti politique, se demandant s’il aura la majorité qu’il a eu en 2010 ou si les voix ne seront pas dispersées. » Une angoisse qui se traduit par l’aménagement de la Constitution pour concentrer ses pouvoirs afin de faire face à l’incertitude de l’éclatement : « Dans le discours du président du parti Cndd-Fdd, on sent qu’il est contrarié. Le parti au pouvoir possède un agenda politique de renforcement de la majorité dans une situation où il y a incertitude quant aux voix à obtenir. »

Quatrièmement, en acceptant l’atelier, le parti au pouvoir n’avait pas anticipé la réaction de l’ADC Ikibiri. Alors que le Cndd-Fdd s’attendait à un jeu à deux, il se retrouve à un jeu à plusieurs acteurs qui apparemment avaient accordé leurs violons (tous disent qu’on ne touche pas à l’Accord d’Arusha). Cela a profité à l’opposition : « Pascal Nyabenda a dit en quelque sorte que rien n’a été décidé. Une façon de dire que le parti n’est pas vaincu, qu’il y a autre façon de récupérer la situation. »

Par ailleurs, continue le politologue, dans les médias, l’ADC Ikibiri et la société civile ont affirmé leur satisfaction après la tenue de l’atelier. De ce fait, le président du parti majoritaire veut effacer un sentiment d’échec. Il tente de remobiliser les troupes en s’adressant aux militants du Cndd-Fdd. Le sens du message est : « Ne pensez pas que ce qui s’est passé à Kigobe soit un échec pour notre politique. Nous réaffirmons l’approche institutionnelle. C’est le Parlement qui aura le dernier mot et non l’opposition ou la société civile. »

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