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22 avril 2010

Le village de paix de Musenyi. Certains rapatriés y apprendraient à manier les armes

Le soir, des policiers, aidés par des démobilisés, apprennent aux rapatriés du village de paix de Musenyi (Mabanda) l’utilisation d’armes à feu. La population environnante prise de peur commence à se réfugier en Tanzanie. Le gouverneur affirme qu’il n’est pas informé, mais promet des enquêtes.


Ils ignorent leurs provinces d’origine, mais manient aisément les armes au village de paix où ils vivent, en zone Gitara (Commune Mabanda), à quelques kilomètres de la frontière avec la Tanzanie. Ce sont des rapatriés «entraînés clandestinement par des policiers et des démobilisés », souligne K.B. Le soir, ajoute-t-il, Eric Tuyisenge, Anatole Arikungoma, Juvent Nibogora, Jean Bosco Nimenya, Wangira Bakari, Jean Marie Ngendakumana et Runyange se retrouvent au village pour donner cet encadrement qui inquiète déjà le voisinage. Selon K.B, cette formation a commencé en janvier de cette année, mais tend à se généraliser depuis mars.»

N.G qui habite lui aussi près du village de paix confirme l’existence de cette formation militaire : « Elle se fait tous les soirs à partir de 20 heures dans un hangar, à l’intérieur du village.» D’après lui,ils ont un jargon propre à eux pour éviter d’être démasqués.

Certains habitants de la zone Gitara se demandent pourquoi aucune fouille perquisition n’est jamais organisée dans ce site: « Des retraités de l’armée de cette localité ont voulu arrêter ces gens, mais ils n’ont pas eu de permission. » En outre, les mêmes habitants se demandent pourquoi ce village n’est pas gardé par la police nationale. Iwacu a contacté sans succès toutes ces personnes qui formeraient ces rapatriés au maniement des armes pour qu’elles s’expriment.

Le sauve qui peut vers la Tanzanie

I.N, du même village de paix, affirme que des femmes enceintes et des petits enfants retournent encore en Tanzanie craignant l’insécurité: « Les effectifs de ceux qui ont déjà fui ne sont pas encore identifiés parce que le site abrite beaucoup de personnes », témoigne I.N. Cependant, précise ce père de quatre enfants, ce mouvement risque de se généraliser si rien n’est fait dans l’immédiat. Il s’interroge sur l’objectif de cet apprentissage au maniement d’armes. Certains habitants de la commune Mabanda affirment que le commissaire régional adjoint de la police ainsi que le commissaire provincial à Makamba seraient les principaux responsables de l’armement de la population du village de Musenyi. G.B soutient que plus de trente fusils sont cachés dans ce village de paix de Musenyi. Des sources proches du commissariat provincial de la police à Makamba confirment les faits. Elles signalent la même réalité dans la commune Makamba sur la colline Nyange ainsi que sur la colline Nyabigina de la commune Kayogoro.

Des autorités mal ou sous informées ?


Michel Ndikuriyo, administrateur de la commune Mabanda est au courant d’un mouvement inhabituel dans son entité administrative: « On parlait de déplacements des gens qui venaient de Nyaza-lac vers ce village de paix. » Cependant, M. Ndikuriyo explique que l’administration et la police ont mené des enquêtes : « Nous n’avons rien trouvé de concret. »

Térence Ntahiraja, gouverneur de la province Makamba indique qu’il n’est pas au courant de ce qui se passe dans le village de paix de Musenyi : « Je suis natif de cette localité et je la fréquente souvent. Mais je n’ai jamais été informé de cette histoire. » Néanmoins, le gouverneur Ntahiraja promet de s’enquérir de cette situation. Contacté à ce sujet, Aloys Nduwayo, commissaire provincial de la police à Makamba fait savoir que ce corps a un seul porte-parole, le colonel Pierre Channel Ntarabaganyi, c’est auprès de lui qu’il faut s’informer. Ce dernier se demande même comment les gens peuvent manier les armes sans être surpris. Le colonel Ntarabaganyi demande aux personnes qui ont livré cette information de collaborer avec la police afin de traquer ces gens qui arment ces rapatriés du village. Iwacu a contacté sans succès le commissaire régional adjoint à Makamba, impliqué dans l’affaire.
 
Admin@2010

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