Bujumbura, le 2 février 2010 (Net Press).
Après les arrestations des présumés putschistes, version Godefroid Niyombare, des présumés mutins, version Germain Niyoyankana, les premiers interrogatoires entamés dès vendredi soir se déroulent dans une bien jolie cacophonie qui colle parfaitement au pouvoir du Cndd-Fdd depuis 2005. Outre que les « événements » du vendredi 29 janvier 2010 ne sont pas perçus de la même manière à la tête du ministère de la défense et des anciens combattants, les interrogatoires musclés auxquels est soumis un des présumés putschistes (ou mutins)- un capitaine de l’armée burundaise -s’inscrivent dans la droite ligne des régimes qui se filent comme d’une guigne du respect des droits des prisonniers.
Si l’on en croit nos confrères de la radio publique africaine, le capitaine en question aurait été torturé depuis, afin qu’il soit contraint de dénoncer l’implication des partis Msd et Upd-Zigamibanga dans la préparation de la mutinerie (ou du putsch) présumée. Mais il n’est plus un secret pour personne que le pouvoir du Cndd-Fdd est traversé par plusieurs courants et que les ordres et les contre-ordres se succèdent chaque jour depuis près de 5 ans. Car, parallèlement à la commission « officielle » chargée de mener les interrogatoires, il existerait une autre commission parallèle dont deux membres sont ceux qui ont torturé le capitaine pour lui arracher les aveux.
Nous voilà donc revenus à l’époque des pires régimes dictatoriaux qu’a connu le continent africain, et particulièrement en Guinée Conakry de 1958 à1984, sous Ahmed Sekou Touré. Ce dernier grand admirateur du stalinisme avait l’habitude de faire arrêter des opposants, réels ou imaginaires, de les faire torturer ou de leur glisser entre les mains des sommes importantes d’argent, afin qu’ils désignent des « coupables » dont la liste est préétablie par le pouvoir, conformément à « abo twari dukeneye » (ceux dont nous avions besoin) du chef d’état major de l’armée burundaise entendu vendredi soir (voir Net Press du Samedi 30 janvier 2010).
La commission parallèle qui a fait irruption au camp Kamenge appelé aussi Dca (défense contre avion) signifierait donc qu’il existe au sein des grands ténors du Cndd-Fdd qui ont conçu le putch (ou la mutinerie) deux courants, l’un modéré qui souhaiterait suivre les règles classiques d’interrogatoires, et l’autre maximaliste qui veut à tout prix que l’on fasse vite « pour faire tomber des tête désignées d’avance. Il reste une fois de plus le seul constat que l’on ne peut rééditer en 2010 à l’heure des Ntic, les méthodes du passé, lorsqu’on torturait des personnes innocentes à huit clos, à l’insu du monde entier. Le président de la République , qui ne manque pas une seule occasion pour discourir avec emphase sur les prix qu’il moissonne régulièrement, faisant de lui et de son pays des modèles à suivre dans le respect des droits de l’homme et du rétablissement de la pais, devra inventer autre chose à son retour d’Addis-Abeba pour être un tant soit peu crédible.
Admin@2010
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