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16 décembre 2009

L'avion bloqué à Bangkok spécialisé dans les trafics d'armes pour l'Afrique

Samedi, les autorités thaïlandaises ont saisi à bord d'un avion-cargo IL-76 une très importante cargaison d'armes en provenance de Corée du Nord . Hugh Griffiths, chercheur chargé de l'étude des transferts illicites d'armements au SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), revient sur cette opération. Le Point: avez-vous identifié le mystérieux avion qui s'est posé samedi à Bangkok, et qui transportait 35 tonnes d'armes nord-coréennes ? Hugh Griffiths : Oui, c'est un Iliouchine IL-76, avec le numéro de série du fabricant MSN-3426765. Il s'est trouvé successivement en possession des sociétés suivantes, toutes liées à des allégations de trafics d'armes ou à des trafiquants : Air Cess, Air Pass, Centrafrican AL, GST Aero, East Wing, Beibars - liées au trafiquant serbe Tomislav Damjanovic - et maintenant "Air West Georgia". Il a été utilisé par Viktor Bout à partir de 1997, pour transporter des armes vers l'Afrique pendant au moins dix ans. À cette époque, les Nations unies l'ont loué à GST Aero (elle-même impliquée dans les trafics d'armes) de 2003 à 2004. L'ONU s'en servait pour livrer de l'aide humanitaire. Donc, cet avion est parfaitement connu pour se livrer au trafic d'armes, et depuis longtemps. Pourquoi vole-t-il toujours ? Qui l'y autorise? On ne fait pas beaucoup d'efforts pour empêcher les armes d'être livrées en Afrique. À tout le moins si on les compare à ceux que font les États-Unis pour surveiller les transports maritimes et aériens depuis la Corée du Nord et l'Iran. Ceci dit, le gouvernement français a commencé à faire un très bon travail sur ce terrain, quand il a lancé son initiative sur le transport aérien illicite d'armes légères de petit calibre et de leurs munitions. Il a présenté ce texte à l' OSCE , à l' arrangement de Wassenar , et plus vigoureusement à l' Union européenne . Les ministères français de la Défense et des Affaires étrangères ont reconnu le danger posé par les trafics aériens illégaux d'armes légères. Cette attitude française est due à l'expérience des soldats français dans les opérations de maintien de la paix en Afrique. Leurs efforts doivent être applaudis, et surtout ceux concernant la surveillance des compagnies aériennes par l'Union européenne. Toutefois, puisque les Nations unies ont utilisé de tels avions durant des années pour transporter du fret humanitaire, il est très clair qu'il n'y a pas assez de coordination, même au sein de l'ONU laissée seule dans son coin par les gouvernements Est-il facile de se livrer au trafic d'armes ? Jusqu'à la fin de 2008, il était très, très, très facile de se livrer au trafic d'armes. Désormais, c'est seulement "assez" facile. Dès lors que vous n'essayez pas d'acheter à la Corée du Nord et à l'Iran ! Les États-Unis ne s'intéressent pas à l'Afrique au même degré qu'à l'Iran ou à la Corée du Nord. Les seules interdictions ont été celles émises par l'Union européenne concernant la sécurité des vols, qui se sont avérées relativement efficaces. Sauf que l'Europe n'interdit pas un avion en particulier, mais des compagnies aériennes et des pays entiers. Donc les trafiquants déplacent l'avion vers une autre compagnie. Et lorsque tout un pays se voit banni par l'Union européenne, comme c'est arrivé au Kazakhstan en juillet 2009, et que les trafiquants doivent survoler l'Europe, ils enregistrent tout simplement leur avion dans une compagnie géorgienne qui ne se trouve pas encore interdite de vol. Connaissez-vous les membres de l'équipage ? Non. Mais quatre d'entre eux, sur cinq, sont kazakhs, et des sociétés auxquelles a appartenu l'avion - GST Aero, Eastwing - sont citées pas plus tard qu'en 2007 dans le rapport du comité des sanctions de l'ONU. Avez-vous identifié les pays dans lesquels cet avion s'est posé, durant les années passées ? Tout ce que je peux dire, c'est que cet avion de Bangkok ou d'autres, possédés, loués ou mis en oeuvre par les mêmes sociétés ou individus, ont atterri au Libéria, en Sierra Leone, en République démocratique du Congo, en Somalie, au Soudan, au Tchad. Ce même avion a servi à transporter des armes des Balkans au Burundi en octobre dernier. Le scénario fourni par les autorités thaïlandaises dit que cet avion vient de Corée du Nord et s'est posé pour faire le plein. Cela vous semble-t-il cohérent ? Oui, très cohérent. Certains suggèrent qu'il aurait pu avoir un problème de pneu. Normalement, les seules fois où ces avions sont interceptés, c'est quand ils se posent quelque part de manière imprévue, ou qu'un accident conduit à une inspection. Dans ce cas, elle n'a pas été provoquée par un accident, mais par les services de renseignement. Connaissez-vous la destination finale prévue pour cette cargaison, après le Sri Lanka ? Je ne veux pas spéculer. Samedi, les autorités thaïlandaises ont saisi à bord d'un avion-cargo IL-76 une très importante cargaison d'armes en provenance de Corée du Nord . Hugh Griffiths, chercheur chargé de l'étude des transferts illicites d'armements au SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), revient sur cette opération. Le Point: avez-vous identifié le mystérieux avion qui s'est posé samedi à Bangkok, et qui transportait 35 tonnes d'armes nord-coréennes ? Hugh Griffiths : Oui, c'est un Iliouchine IL-76, avec le numéro de série du fabricant MSN-3426765. Il s'est trouvé successivement en possession des sociétés suivantes, toutes liées à des allégations de trafics d'armes ou à des trafiquants : Air Cess, Air Pass, Centrafrican AL, GST Aero, East Wing, Beibars - liées au trafiquant serbe Tomislav Damjanovic - et maintenant "Air West Georgia". Il a été utilisé par Viktor Bout à partir de 1997, pour transporter des armes vers l'Afrique pendant au moins dix ans. À cette époque, les Nations unies l'ont loué à GST Aero (elle-même impliquée dans les trafics d'armes) de 2003 à 2004. L'ONU s'en servait pour livrer de l'aide humanitaire. Donc, cet avion est parfaitement connu pour se livrer au trafic d'armes, et depuis longtemps. Pourquoi vole-t-il toujours ? Qui l'y autorise? On ne fait pas beaucoup d'efforts pour empêcher les armes d'être livrées en Afrique. À tout le moins si on les compare à ceux que font les États-Unis pour surveiller les transports maritimes et aériens depuis la Corée du Nord et l'Iran. Ceci dit, le gouvernement français a commencé à faire un très bon travail sur ce terrain, quand il a lancé son initiative sur le transport aérien illicite d'armes légères de petit calibre et de leurs munitions. Il a présenté ce texte à l' OSCE , à l' arrangement de Wassenar , et plus vigoureusement à l' Union européenne . Les ministères français de la Défense et des Affaires étrangères ont reconnu le danger posé par les trafics aériens illégaux d'armes légères. Cette attitude française est due à l'expérience des soldats français dans les opérations de maintien de la paix en Afrique. Leurs efforts doivent être applaudis, et surtout ceux concernant la surveillance des compagnies aériennes par l'Union européenne. Toutefois, puisque les Nations unies ont utilisé de tels avions durant des années pour transporter du fret humanitaire, il est très clair qu'il n'y a pas assez de coordination, même au sein de l'ONU laissée seule dans son coin par les gouvernements Est-il facile de se livrer au trafic d'armes ? Jusqu'à la fin de 2008, il était très, très, très facile de se livrer au trafic d'armes. Désormais, c'est seulement "assez" facile. Dès lors que vous n'essayez pas d'acheter à la Corée du Nord et à l'Iran ! Les États-Unis ne s'intéressent pas à l'Afrique au même degré qu'à l'Iran ou à la Corée du Nord. Les seules interdictions ont été celles émises par l'Union européenne concernant la sécurité des vols, qui se sont avérées relativement efficaces. Sauf que l'Europe n'interdit pas un avion en particulier, mais des compagnies aériennes et des pays entiers. Donc les trafiquants déplacent l'avion vers une autre compagnie. Et lorsque tout un pays se voit banni par l'Union européenne, comme c'est arrivé au Kazakhstan en juillet 2009, et que les trafiquants doivent survoler l'Europe, ils enregistrent tout simplement leur avion dans une compagnie géorgienne qui ne se trouve pas encore interdite de vol. Connaissez-vous les membres de l'équipage ? Non. Mais quatre d'entre eux, sur cinq, sont kazakhs, et des sociétés auxquelles a appartenu l'avion - GST Aero, Eastwing - sont citées pas plus tard qu'en 2007 dans le rapport du comité des sanctions de l'ONU. Avez-vous identifié les pays dans lesquels cet avion s'est posé, durant les années passées ? Tout ce que je peux dire, c'est que cet avion de Bangkok ou d'autres, possédés, loués ou mis en oeuvre par les mêmes sociétés ou individus, ont atterri au Libéria, en Sierra Leone, en République démocratique du Congo, en Somalie, au Soudan, au Tchad. Ce même avion a servi à transporter des armes des Balkans au Burundi en octobre dernier. Le scénario fourni par les autorités thaïlandaises dit que cet avion vient de Corée du Nord et s'est posé pour faire le plein. Cela vous semble-t-il cohérent ? Oui, très cohérent. Certains suggèrent qu'il aurait pu avoir un problème de pneu. Normalement, les seules fois où ces avions sont interceptés, c'est quand ils se posent quelque part de manière imprévue, ou qu'un accident conduit à une inspection. Dans ce cas, elle n'a pas été provoquée par un accident, mais par les services de renseignement. Connaissez-vous la destination finale prévue pour cette cargaison, après le Sri Lanka ? Je ne veux pas spéculer.

Source:Jean Guisnel-Le Point.fr 12/2009 Ngenzirabona@2009

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