Translate

6 mai 2011

1972 : au cours des discussions sur les responsabilités dans cette tragédie, le fameux "Plan Simbananiye" revient au devant de la scène...

Journal Iwacu

Pour certains, seuls les Hutu ont été tués. Pour d’autres, seuls les Tutsi sont morts. Pour une tierce opinion, le gouvernement d’alors est responsable... Augustin Nzojibwami, à la tête du Sangwe Pader : « La réalité vécue parle très fort. On ne peut pas comprendre les événements de 1972 si on dit que ce sont les Hutu et les Tutsi qui se sont entretués. On les comprendra mieux si on dit que c’est le gouvernement qui voulait se débarrasser de ceux qui le gênaient. L’essentiel pour les jeunes générations c’est de ne pas considérer le passé mais de bâtir le futur.» Un jeune étudiant de l’Université du Lac Tanganyika, Eloi Mugisha s’indigne : « C’est dommage d’hypothéquer l’avenir du Burundi sur la polémique hutu-tutsi.» Un jeune hutu qui est né et grandi dans un camp de réfugiés en Tanzanie s’emporte. Pour lui, « un tutsi qui est mort en 1972 est mort d’accident.» Une veuve tutsi lui répondra : «Je m’étonne que les gens disent qu’il n’y a pas eu de tutsis qui sont morts, alors que mon mari a été tué quand il revenait du travail ». Pardonnez, lance la dame : « Moi-même je l'ai fait parce qu’en 1993 j’ai caché des Hutus qu’on voulait tuer.»


Pour Simon Simbananiye, intervenant dans le débat : «Le vrai problème n’est pas celui de l’ethnisme, mais de l’idéologie. La solution est donc de voir la source de cette idéologie ». Soutien de Léonce Ngendakumana, à la tête de Sahwanya Frodebu : « En 1980, Ndadaye avait rappelé aux réfugiés hutu que le problème burundais n'était pas entre hutu et tutsi, mais un problème politique. Moi-même avant je ne m’entendais pas les upronistes mais aujourd’hui ce sont de grands amis». Zénon Nicayenzi, tutsi, premier ministre de la Défense du Burundi ajoute : « En 1972, ce ne sont pas des hutu qui ont été à la base des problèmes parce que ce ne sont pas eux qui gouvernaient. Les gouvernements qui se sont succédés depuis 1960, ce sont eux qui ont toujours été à la base des problèmes.» Ceci est partagé par le président de Sahwanya Frodebu : «La mauvaise gouvernance est la source de tous ces problèmes ».
Manwangari Léon, un autre hutu rescapé de 1972, secrétaire chargé des relations extérieures au sein du Palipe Agakiza : « Cette tragédie était prévisible après d’autres périodes telle que 1965 ». Il évoque ainsi un certain rapport politique adressé au Président de la République en 1968 par Martin Ndayahoze, alors ministre de l’Information : "Ce document évoquait une mauvaise atmosphère politique dans le pays et un plan Arthémon Simbananiye conçu pour exterminer les hutus. Le rapport porte le 093/100/CAB/68." M. Manwangari dit être en possession de ce rapport et de ce plan en détail, rédigé en anglais "car venu de la Maison blanche." M. Manwangari révèle en outre que ce plan reste inédit : "Ce n’est pas encore le moment de le vulgariser."

Emmanuel Nduwarugira, du ministère de l’Intérieur soulignera enfin que « Hutu et Tutsi finiront par s’entendre le jour où il y aura une bonne gouvernance ». Signalons qu’au cours de ces débats, aucun représentant de la classe dirigeante n'était présent, la présence des partis politiques ayant été aussi très minime. 

Ngenzirabona

Aucun commentaire: